Ça fait longtemps qu’on a vu le marché des grains de Chicago partir en peur ! Depuis deux mois le prix du maïs a augmenté de $0,80 le boisseau, celui de la fève de soya de $2,55 le boisseau et celui du tourteau de soya de $160 la tonne courte.C’est qu’il y a eu une escalade d’achat de la part des fonds d’investissement. Ceux-ci ont acheté en masse, par ordre d’importance, du tourteau de soya, de la fève soya et du maïs. Pourtant, la situation n’est pas très différente par rapport à ce qu’on savait il y a un mois.
-la récolte de fève soya du Brésil est plus basse qu’anticipée
-la récolte de maïs d’Argentine est plus basse qu’anticipée
-les Chinois ont été des acheteurs agressifs de fève soya
-les fonds spéculatifs sont de retour, ce qui n’a rien d’anormal puisqu’ils y voit une des premières opportunités d’achat depuis 3 ans
Ce qui est étonnant c’est que cette inflation de prix se fait au visage de la récolte américaine qui jusqu’à maintenant (première semaine de juin) se porte très bien merci.
Comme on peut l’observer dans le tableau du bilan de l’offre et la demande du maïs américain, le USDA prévoyait une importante hausse des superficies semées. Cependant, la flambée des prix du soya pendant les semis a sans doute réduit les superficies de maïs au détriment du soya. C’est ce qu’on saura le 30 juin lorsque le USDA publiera son plus récent estimé des superficies semées. Quoi qu’il en soit, avec un rendement identique à l’année dernière, la récolte de maïs américaine sera quand même autour des 14 milliards de boisseaux, ce qui occasionnera un inventaire autour des 2 milliards de boisseaux, une récolte pour le moins robuste.
Le tableau du bilan du soya US indique une récolte plus basse que l’année dernière, mais si les superficies augmentent, elle pourrait bien la rejoindre en termes de production et d’inventaire.
En date du 7 juin, il n’y a rien qui puisse soutenir le prix du soya à Chicago à son niveau actuel de $11,80 sur du long terme. Le ratio soya/maïs est par ailleurs de 2,63 pour la nouvelle récolte, indiquant que le prix du soya est trop élevé par rapport au maïs.
Nous sommes en plein dans un marché météo en ce moment. Ce type de marché voit les prix augmenter rapidement en début de saison pour souvent perdre une partie de leurs hausses rapidement dans de sévères baisses.
Les gestionnaires de la commercialisation des fermes céréalières doivent être très disciplinés. Il faut capturer ces hausses importantes tout en maintenant un certain niveau de confort sur l’inventaire à vendre. Par exemple, établir des objectifs sur 50% de la récolte en 5 lots de 10% chacun.