L'annonce, par le député de Côte-du-Sud, M. Norbert Morin, de la transformation de l'ITA de La Pocatière en « société d'État » a surpris au Cégep de La Pocatière. « Je suis stupéfaite » a lancé la directrice générale de l'institution d'enseignement, Mme Marie-Claude Deschênes. Le statut mis de l’avant de « société d’État» redonne vie au Rapport Pronovost puisqu’il s’agit de la recommandation 17 de celui-ci !
En entrevue lundi matin Mme Deschênes a dit, à La Vie agricole, avoir appris en même temps que tous le rejet de la proposition sur le statut de l'ITA déposée par le cégep auprès de la ministre de l'Enseignement supérieur le 3 octobre dernier, proposition adoptée le 28 septembre par le Conseil d'administration du cégep. Essentiellement il s'agissait de proposer l'affiliation de l'ITA campus de La Pocatière au cégep.
Le Cégep mis hors-jeu !
« Nous on pense qu'on a une vision, qu'on a une proposition qui est crédible ». Pour Mme Deschênes : « Force est de constater que M. Morin a choisi de réunir des personnes, c'est ce qu'il a mentionné vendredi, il a fait des rencontres, ils se sont entendus sur des scénarios, mais le cégep n'a pas fait partie de ces discussions-là et ça je ne peux que le déplorer ».
La directrice générale affirme avoir demandé plusieurs fois, avant et après la déclaration de vendredi, une rencontre avec le député, mais ses demandes sont restées sans réponse dit-elle.
Le résultat sera, fait remarquer Mme Deschênes : « À La Pocatière, on va avoir encore deux établissements d'enseignement collégial qui vont avoir une structure en silo ». « Notre cégep ne méritait pas d'être écarté de cette façon-là par son député », d'ajouter Mme Deschênes.
Loin d'avoir abandonné, Mme Deschênes entend continuer à faire valoir la solution proposée par le cégep. « Tant et aussi longtemps que je n'entendrai pas la voix du ministre Paradis disant que c'est ça, que c'est réglé, je vais continuer à tendre la main ».
Le député Morin se dit «backé» par le ministre Paradis !
Vendredi matin, profitant d'une entrevue sur les ondes de la radio locale CHOX, le député de Côte-du-Sud, Norbert Morin, avait déclaré : « Je vous le dis, je passe à l'action ». Le député a expliqué que ce sont des gens du milieu qui feront partie du conseil d'administration de la future « société d'État ». M. Morin a aussi déclaré : « Le ministre m'a dit : “Ta décision sera la bonne et on ira ensemble expliquer tout ça“».
Morin s’appuie sur le Rapport Pronovost malgré le désaccord de l’UPA !
En entrevue avec La Vie agricole lundi après-midi, le député Morin a affirmé que la solution proposée, soit la mise en place de la recommandation 17 du rapport Pronovost, est le résultat d'un consensus qui a été rendu public quand des élus de la région ont écrit au premier ministre, M. Philippe Couillard, la semaine dernière. M. Morin insiste, cette décision vient du milieu. M. Morin déplore que le consensus ne soit pas complet, car l'UPA Bas-Saint-Laurent n'est toutefois pas d'accord « Ils préfèrent le statu quo » a-t-il ajouté.
Une société d’État juste pour La Pocatière ?
M. Morin a aussi précisé que la future société d'État concerne le campus de La Pocatière seulement. Pourtant l'Institut de technologie agricole c'est aussi le campus de Saint-Hyacinthe. « Moi je m'occupe de mon ITA », ajoute M. Morin en rappelant les racines profondes de l'enseignement agricole dans la région.
Depuis vendredi aucun communiqué du MAPAQ n'est venu confirmer la décision annoncée par le député Morin. Notre courriel de demande d'information est demeuré sans réponse pour le moment.
Le Rapport Pronovost refait surface !
Transformer l'ITA en société d'État est l'une des recommandations du rapport Pronovost publié en 2008. La Commission sur l'avenir de l'agriculture présidé par M. Jean Pronovost a consacré tout un chapitre à la formation et au perfectionnement des ressources humaines.
La recommandation 17 proposait que l'ITA devienne une société d'État « qui relèverait directement du ministre de l'Agriculture ». La recommandation précisait que les membres du conseil d'administration seraient nommés par le gouvernement et proviendraient de plusieurs milieux.