La seule chose de prévisible avec Trump est son imprévisibilité. Nous pensons tous qu’il y aura fort probablement révision de l’ALENA affectant le Canada, en partie dû à l’enthousiasme de notre premier ministre à renégocier cette entente que nous considérions jusqu’ici comme bonne pour les trois Amigos. C’est un peu comme une copie amateur d’un film de Sergio Leone avec la Brute, le Bon et le Nul. Le Nul étant celui qui a invité la Brute dans son Palacio Nacional avec tous les honneurs avant même son couronnement et à la honte de 122 millions de Mexicains. Dans ce film, le Nul sera le premier à mordre la poussière dès les prochaines élections.
Depuis le 8 novembre, nous avons eu droit à plusieurs revers quant à l’orientation de Trump sur les dossiers dont il a parlé abondamment durant sa campagne électorale, mais à date, il semble toujours vouloir refuser de participer au Partenariat transpacifique (PTP) et veut toujours renégocier l’ALENA.
Le dossier de la filière lait reviendra avec une force atomique
Bruno Letendre, Président des Producteurs de lait du Québec, a raison de s’inquiéter de la filière lait, car exclu de l’ALENA jusqu’à ce jour, ce dossier reviendra avec la force atomique dès que Trump abordera le sujet de l’entente.
Trump reconnaîtra rapidement la force politique des 51.000 fermes laitières de son pays et leurs propriétaires qui croient déjà qu’ils ont tout à gagner à vendre leur lait, une fois transformé, à 35 millions de nouveaux consommateurs qui vivent plus au nord. De plus, Trump pourra s’acquitter honorablement d’une dette politique puisque la majorité de ces hommes et de ces femmes lui ont donné leur « X » tant convoité le 8 novembre dernier. Ce serait de l’ordre de 55% contre 18% selon un sondage avant les élections. C’est probablement ce même pouvoir politique qui a convaincu Trump de mettre moins d’empressement à cueillir et expatrier 11 millions d’immigrants illégaux dont deux millions travaillent aux champs à faible coût.
Le PTP comme piège du prochain accord de l’ALENA ?
Un scénario plausible serait que Trump se serve de ce que le Canada a mis sur la table au PTP pour l’appliquer tel quel à l’ALENA. Puisque cette offre, déjà acquise au PTP, a été déposée par le Canada, il lui serait difficile de crier à l’impossibilité de le faire.
Dans un tel scénario, si le Canada s’intéresse toujours à un PTP, il ne lui restera plus rien à offrir dans les denrées sous gestion de l’offre sans mettre ces industries à terre. Un PTP demeure encore intéressant pour le Canada. Il gagne en intérêt même si les EU ne s’y intéressent plus. Nous savons officiellement que cinq nouveaux pays considèrent s’ajouter au club des 11 pays restants. Il s’agit de la Corée du Sud, de Taiwan, des Philippines, de la Chine et de la Thaïlande. Il y aurait également de l’intérêt non officiel de la part de la Colombie, du Laos, de l’Indonésie, du Bangladesh et de l’Inde. J’envisage difficilement que le Canada, qui voudrait s’affranchir de sa trop grande dépendance au marché américain surtout avec Trump, ne verrait pas le PTP comme la solution idéale.
Pour la gestion de l’offre, le scénario augure mal !
Trump se présente lui-même comme négociateur, mais il est plutôt pugiliste brut où les règles de jeu ne s’appliquent qu’aux autres et la négociation se fait surtout par intimidation et fusil sur la tempe. Notre bon pugiliste amateur sera-t-il capable de se tenir debout assez longtemps pour protéger les denrées sous gestion de l’offre? À date, si la tendance se maintient, le scénario augure mal.
pierre.nadeau@videotron.ca