« L'agriculture qui n'est pas industrielle ce n'est pas facile » Avec tous les formulaires à remplir, il faut être membre de club, voir des agronomes, connaître les règlements de toutes sortes. Ce n'est pas simple de se débrouiller là-dedans.« Je ne dis pas que cela n'a pas de sens, mais c'est un fardeau incroyable pour les agriculteurs et surtout pour le très petit. Il y a des freins partout ». Celui qui parle ainsi c'est Martin Beaulieu de L'Islet qui se lance dans l'élevage commercial de bovins Angus miniature. « J'aime mieux commencer petit, mes erreurs auront des conséquences un peu moins graves au fur et à mesure du développement ».
C'est en homme d'affaires prospère qui se lance dans cette production. Martin Beaulieu qui est président et chef de direction du Groupe Ouellet Canada, a toujours été intéressé par l'agriculture à divers niveaux. Ces objectifs sont modestes, son projet a les allures d'un passe-temps. Selon lui le goût pour le moins gros, le moins industriel « c'est tellement enraciné profond dans notre culture, ça ne peut pas faire autrement qu'émerger ».
Le retour à terre, pour faire de petites productions c’est possible !
Il ajoute : « il y a une pression pour que cela arrive: le petit paysan qui développe une production particulière, qui finit par avoir du succès, qui finit par grandir dans un certain cadre, mais avec la liberté de pouvoir le faire ». Ce qu'il veut démontrer avec son projet c'est qu'un retour à la terre pour faire de petites productions c'est possible.
« Avoir 25 vaches, que l'opération fasse ses frais, que j’aie du plaisir à les voir, à les entretenir, à les nourrir et savoir que du monde mange de la bonne viande » voilà son objectif dit-il.
« Pas toujours chic où va l'argent dans le système agricole industriel»
Pour M. Beaulieu, c'est évident, il y a un marché et un intérêt, les gens veulent savoir d'où vient leur nourriture. Ne se disant pas partisan de quelque théorie mondiale du complot, M. Beaulieu réalise toutefois que « la production industrielle de viande ce n'est pas toujours beau, pas toujours jojo. Ce n'est pas toujours chic où va l'argent dans un tel système ».
Il voudrait que les gens « commencent à réaliser que c'est eux qui ont le pouvoir ». M. Beaulieu répète : « En achetant vous votez ». Il explique : « En achetant le paquet de framboise de la Californie, vous venez de voter : c'est ça qu'on veut. Alors ils vont vous en offrir encore ». « À chaque fois que vous dépensez 1$, ajoute-t-il, vous dites à toute la chaîne d'approvisionnement : 'j'approuve ce que vous faites'».
Mais le prix?
Quand on lui fait remarquer que les prix seront plus élevés, il rétorque : « Attendez, on a rien pour rien! C'est certain que chez un producteur biologique ce sera plus cher ». Pour lui c'est facile à comprendre.
Cela ne veut pas dire que la proximité soit la seule qualité : « C'est peut-être l'élément déclencheur (pour l'achat), mais il y a des limites. Si t'as pas le produit que les gens cherchent, c'est sûr qu'ils vont aller ailleurs ». Il faut aussi des produits de qualité, ajoute-t-il.
« Dans ma tête c'est clair c'est le consommateur qui a l'argent» dit Beaulieu
Selon M. Beaulieu, « Dès que les gens auront un intérêt pour ça les choses vont changer ». Il répète: « Dans ma tête c'est clair c'est le consommateur qui a l'argent, c'est lui qui la dépense, il y a des milliers d'entreprises qui cherchent à avoir cet argent ». C'est alors l'homme d'affaires accompli qui parle.
L’Angus miniature pour passion
L'entreprise est à ses débuts, mais dit-il « J'aurai les premiers animaux disponibles cet hiver ». M. Beaulieu a fait des recherches pour trouver un abattoir. Ça aussi c'est compliqué. « Le système est fait pour une filière, une façon de faire, la réglementation sanitaire est faite pour ça » ajoute-t-il.
Pour le moment son troupeau est de 50 bêtes, pur-sang à 100%. M. Beaulieu se dit prêt à vendre des vaches et des taureaux aux éleveurs intéressés, car il veut vendre de la génétique pas seulement de la viande.
Après avoir étudié la question, lu beaucoup de revues, c'est la race Angus miniature qu'il voulait. Il a trouvé un éleveur dans la région de Mirabel et est allé le voir pour acheter quelques bêtes. Cet éleveur voulait lui vendre tout son troupeau, 10 bêtes. C'est comme ça qu'il a commencé en 2013.
Petit comment l’Angus miniature? M. Beaulieu explique : « Le veau de race Angus miniature pèse environ 40 livres alors qu'un veau issu d'une vache à lait pèse en moyenne 95 libres ». Un taureau Angus miniature d'âge adulte fera la moitié d'un taureau de race standard.