Les revenus monétaires nets (RME) des producteurs agricoles canadiens continuent à baisser. Après une chute de 2% en 2016, une analyse produite pour Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) anticipe une seconde décroissance de 7% en 2017. Sans l’entrée de revenus extérieurs à la ferme, les familles agricoles canadiennes s’appauvriraient.
Le ministère fédéral cherche néanmoins à amoindrir l’aspect négatif de la situation. Il affirme que, malgré ce déclin anticipé des revenus, les agriculteurs connaissent de meilleures années agricoles qu’entre 2011 et 2015. Ce sont principalement les recettes de production animale qui subiront cette baisse, retrouve-t-on dans le document des Perspectives agricoles canadiennes 2017, produit par la Direction de la recherche et de l’analyse d’AAC. La pression baissière des prix découlerait de l’accroissement des stocks de viande de bovins et de porcs aux États-Unis.
De leur côté, les productions végétales devraient légèrement progresser de 1% en 2017, notamment grâce à l’augmentation de la mise en marché du canola en 2016 et 2017.
Optimisme à long terme
Même si les changements climatiques et les prix du pétrole provoquent quelques incertitudes, les analystes portent un regard optimiste sur l’avenir. En effet, ils estiment que la hausse constante de la population mondiale et la bonification des revenus d’une certaine classe de citoyens de pays en développement soutiendront la croissance de la demande agricole mondiale.
« Le pays est bien placé pour tirer parti de ces nouveaux débouchés, mais nos producteurs devront livrer concurrence aux exportateurs actuels et émergents pour maintenir et accroître leur part du marché », a déclaré Bernard Cantin lors d’un point de presse à Ottawa, le vendredi 17 février dernier.
Le Canada ne s’attend pas à ce que les prix mondiaux des céréales varient significativement au-delà des niveaux actuels, puisque les stocks sont partout en progression.
En effet, depuis la grande sécheresse de 2012 du sud-ouest américain, les pays comme la Russie, le Brésil et l’Argentine ont augmenté leurs réserves de céréales et d’oléagineux. De plus, la Chine a adopté une politique céréalière qui a eu pour effet de maintenir les prix intérieurs du maïs à un niveau très élevés.
Prix de la viande
La production de la viande aux États-Unis continue à augmenter dans les secteurs du bœuf (+6%) du porc (+2%) et de la volaille (+2%). Cette hausse des approvisionnements de viande tire vers le bas le prix des abattages des bovins et des veaux jusqu’à la fin de 2017. AAC prévoit que les recettes des bovins devraient diminuer de 13% en 2017. Les experts analysent que le RME des exploitations bovines devraient chuter de 35% en 2016 et d’un autre 15% supplémentaire en 2017, pour s’établir à 17 122$.
La situation ne sera guère plus joyeuse pour les producteurs de porcs dont les recettes devraient poursuivre leur chute amorcée des prix (-8%).
Enfin, AAC s’attend à ce que les produits sous gestion de l’offre connaissent des prix en croissance. Par exemple, les revenus laitiers, soutenus par une demande intérieure forte, devraient croître de 4% en 2017.
Les revenus de la volaille et des oeufs grimperaient de 3% en 2016 et d’un 3% supplémentaire en 2017.
Revenus sur la ferme
La valeur nette des exploitations agricoles canadiennes atteindra une moyenne de 2,8 millions de dollars en 2017, causée principalement par la valeur des terres.
Par ailleurs, la situation financière des exploitations agricoles québécoises devrait connaître un déclin entre 2016 et 2017, passant de 77 600 $ à 74 700 $. À titre comparatif, le revenu moyen des fermes ontariennes s’élèvera à 49 700 $. C’est donc l’apport de revenus autres qu’agricoles qui maintient la qualité de vie des familles agricoles. Grâce à ces entrées d’argent, les familles agricoles québécoises enregistrent un revenu moyen de 104 000$.