«La Caisse s’est fait berner par PANGEA», dit l’UPA

L’UPA et la FRAQ persistent et signent: la présence de la Caisse de dépôt et de placement du Québec(CDPQ) dans Pangea vient briser le rêve des jeunes de la relève et les compétitionne de façon déloyale,  dénonce leur présidente Michèle Lalancette. « La Caisse s’est fait berner, » ajoute Marcel Groleau.

Le président de l’UPA, son directeur général Charles-Félix Ross et d’autres partenaires ne voient que des visées spéculatives dans l’intention de Pangea d’acquérir des fermes dans plusieurs régions du Québec, ajoutant ainsi une nouvelle dimension à l’accaparement des terres : « Cela aura un impact sur les communautés rurales. C’est un modèle d’agrégation de terres agricoles » a défini Marcel Groleau.

« Avec des deniers publics, une entreprise va concurrencer 28 000 entreprises agricoles, dont 8000 jeunes établis » poursuit Charles-Félix Ross qui doute fortement de la rentabilité à court terme de telles transactions, avec un taux de rendement à la production de 2 à 4 %/année depuis 2010. « Depuis cinq ans, nos terres ont pris 158% de valeur. C’est  ce qui intéresse le monde financier », enchaîne-t-il.

Cela lui apparaît d’autant plus inquiétant que Pangea n’aura pas à rembourser rapidement ni la CDPQ ni le Fonds de solidarité de la FTQ, qui considèrent ces investissements comme du placement patient. « Ce sont les agriculteurs qui prendront tous les risques. »

Concurrente féroce

Un jeune producteur laitier, Jean-Luc Laplante, est venu témoigner de la manière dont il considère s’être fait tasser par Pangea, qui a offert 25% plus cher que son prix à un voisin dont il planifiait acheter la terre qu’il louait depuis deux ans : « Financièrement, c’était trop risqué pour moi de miser l’équivalent. Je ne sais pas comment Pangea va rentabiliser cette terre de sable. Il faudra la revendre à profit pour faire de l’argent avec. Moi, je prévoyais l’utiliser pour y installer mes animaux de remplacement et faire du foin. Je dois maintenant les ramener chez nous », se désole le producteur laitier de Saint-Germain de Kamouraska.

L’écologiste Karel Mayrand, directeur québécois de la Fondation David Suzuki, a rappelé que le Québec sera une des rares régions de la planète épargnée par les crises de l’eau liées aux changements climatiques, faisant de ses terres « de vraie mine d’or ».

« On est en train de sortir la relève du marché à cause de cette concentration de la propriété des terres. Il en découle une perte de contrôle de notre sécurité et de notre souveraineté alimentaire. Le modèle de la ferme familiale propriétaire est en train de disparaître au profit de l’agriculteur locataire », dit-il.

Moratoire exigé

« Je qualifie cela de capitalisme sauvage. Pangea veut détenir 100 M$ pour acheter des terres au Québec. Il faut que la CDPQ et le Fonds de solidarité de la FTQ se retirent. La Caisse n’a pas jugé les dommages collatéraux. On demande un encadrement »,  a martelé Marcel Groleau.

L’UPA recommande au gouvernement québécois de limiter à 100 hectares par année, pour une période de trois ans, la superficie que toute personne ou entité peut acquérir, sauf pour les transferts intergénérationnels. « Cette pause permettrait une véritable analyse de la situation et la recherche de solutions qui protègent et favorisent la pérennité des entreprises agricoles québécoise », mentionne-t-il.

Parmi les solutions envisagées, l’UPA ne cache pas son intérêt envers une proposition en discussion avec le Fonds d’investissement de la CSN, Fondaction, qui consisterait à acquérir une trentaine de terres placées ensuite dans une Fiducie foncière agricole dont l’UPA participerait à la gouvernance.

Pangea mal comprise

En entrevue dans divers média, Charles Sirois et Serge Fortin estiment que le modèle d’affaires qu’ils proposent est mal compris par l’UPA.

« On achète des terres et on fait une société d’opération agricole (SOA) qui détenir les équipements pour opérer l’ensemble des terres qui leur sont fournies. Le producteur reste propriétaire de sa terre et détient 51% des parts de cette Société qui opérera toutes les terres. On met en réseau l’ensemble des familles agricoles de façon à accroître leur pouvoir d’achat. On calcule un rendement de 8 à 10% par année », a déclaré Charles Sirois en entrevue à RDI.

Pangea dit posséder actuellement huit SOA en partenariats avec des producteurs agricoles. Elle vise en obtenir 20 d’ici quelques années au Québec et en Ontario.

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *