Le 26 avril dernier, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) m’a invité à participer comme panelliste à leur deuxième rendez-vous sur le développement local et régional. Une invitation qui survient, à ma grande surprise, plus de 30 années après mon implication comme ministre des Affaires municipales et responsable du développement régional. Au départ, j’étais réticent à accepter leur invitation croyant ne pas représenter une ressource digne de leurs attentes. Puis, au fil des rencontres préparatoires avec les autres panélistes, je me suis aperçu que mon éloignement de la politique et du développement local et régional ne représentait aucunement un handicap. Au contraire, mon absence de la scène politique m’a permis de prendre le recul nécessaire pour être en mesure de mieux saisir les problématiques d’aujourd’hui.
Force est d’admettre et de constater que les difficultés auxquelles sont confrontés les élus municipaux n’ont guère changé. Qui plus est, les problématiques font toujours l’objet de revendications similaires à celles qui m’ont été faites lorsque j’étais ministre du Développement régional et auxquelles j’avais répondu en accordant la gestion de fonds aux conseils régionaux de concertation et en nommant des administrateurs d’État dans chaque région du Québec pour être à l’écoute des besoins des milieux ruraux et régionaux.
Aujourd’hui, les régions et la ruralité ont perdu sur les deux fronts et les élus municipaux l’ont bien exprimé après les interventions des cinq panellistes sur la thématique de la mise en œuvre du développement et de l’élu entrepreneur.
Frustrés, les élus, me semble-t-il, sont complètement désarmés sur les suites à donner à la décision gouvernementale. À l’un d’entre eux, j’indique qu’à chaque fois que le gouvernement a fait une réforme, il en est resté toujours un peu moins sur la table et, avec le restant, le gouvernement a su confectionner des chapeaux 6 7/8 pour tout le monde.
L’un après l’autre, les élus ont exprimé au micro, leur incompréhension et surtout leur vive déception face au gouvernement; ils ont besoin de le faire sentir, mais ils ne savent pas comment le faire. Croyant disposer d’un fonds pour faciliter la mise en œuvre de leur développement, ils ont désormais accès à une enveloppe d’un programme géré dans la capitale et selon des modalités que les fonctionnaires du Conseil du trésor sont encore à définir. En juin prochain, le gouvernement devrait en faire connaître les modalités de fonctionnement, et ce, sans que les élus municipaux aient leur mot à dire. Un tel comportement de la part du gouvernement me semble inacceptable. Interpellé par un élu sur l’action à entreprendre, je l’invite à refuser de signer quelque entente avec le gouvernement.
À mon avis il faut prendre les devants et appuyer sans réserve et de tout son poids son association, la FQM. Les élus doivent absolument se ranger unanimement derrière elle et lui donner un mandat de négocier avec le ministre Martin Coiteux pour, du moins, disposer d’un fonds plutôt que d’un programme.
Tout le monde au gouvernement a avantage que ce programme fonctionne bien, notamment à l’aube d’une élection.
Ma participation à ce deuxième rendez-vous a réussi à me faire découvrir un phénomène que je n’aurais cru possible : le Québec des régions vit un retour en arrière de cinquante ans.
Il faut se rappeler des luttes que d’autres ministres, régionalistes ou ruralistes comme moi, ont menées auprès de leurs collègues pour faire accepter le découpage des régions administratives, pour appuyer et soutenir la concertation régionale et, enfin, pour donner aux gens des régions la possibilité de prendre en main leur propre développement.
C’est pourquoi j’ai invité tous les élus municipaux présents à cet atelier de refuser de signer l’entente avec le gouvernement, de se ranger derrière la FQM et de donner à cette dernière un mandat fort pour négocier avec le ministre Martin Coiteux.
Assez, c’est assez la centralisation !