Plan conjoint des producteurs laitiers:un congé de cotisation unilatéral, mais apprécié

 

Impossible d’être contre la vertu. Les producteurs de lait du Québec se réjouissent d’obtenir pour une période de trois mois un congé de cotisation au Fonds d’administration géré par la Régie des marchés agricoles du Québec. Par contre, certains doutent que cette décision ne cache un jeu politique de la Fédération des producteurs de lait du Québec (PLQ).

En effet, la Régie entérine une proposition soumise par les administrateurs des PLQ à la fin janvier, à l’effet que ce congé de cotisation permettrait d’abaisser le surplus du Fonds qui s’élevait à 10,6 M$ au 31 décembre dernier. Avec les prévisions budgétaires de 2017, ce fonds atteindrait la somme de 11,5 M$.

Or, selon les règles d’administration du fonds prévues par les PLQ, ce fonds doit au plus couvrir les besoins de six mois du budget global de 16 M$ par année, soit 7,5 M$ à 8 M$.

« Nous vivons une conjoncture particulière, admet le porte-parole de la Fédération, François Dumontier.  La production de lait est en hausse de près de 15 % depuis deux ans et la Régie a gagné des causes de fraude sur du lait non déclaré », ajoute-t-il.

En effet, le Fonds a pu récolter l’équivalent  de 2,6 M$ en paiements de pénalités au cours des dernières années, de la part de producteurs laitiers qui ont trouvé à vendre leurs surplus, d’une manière légale ou pas.

Regagner la confiance

« On n’a pas été consulté sur la question, mais c’est une excellente décision pour les producteurs, même si on n’en connaît pas les détails », admet Adrien Breault, propriétaire de la ferme Breault et frères à Compton. Dans une entrevue au journal La Vie agricole en février dernier, ce producteur, aussi vice-président du Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA), se questionnait sur le coût de l’administration du plan conjoint qui rapporterait gros à l’UPA.

Il déclarait alors que « la publicité me coûte 77 000 $ par an, l’administration du plan conjoint 24 000$, le transport 137 000 $ et je ne parle pas du montant du plan de relance et des cotisations à l’UPA! ».

D’autres producteurs laitiers constatent qu’ils ne feront pas de grosses économies, mais approuvent, eux aussi, la décision : « On a connu des hausses de production de lait depuis deux ans. C’est un peu normal que le système nous donne un répit. Mais ce sont les gros producteurs qui paient le plus qui en verront la différence, pas les petits », ajoute Louis Belleville de Saint-Étienne-des-Grès, en Mauricie, qui envisage une économie d’environ 225 $ pour les trois mois.

Sujet tabou pour certains !

Par contre, le sujet semble être tabou, puisque des professionnels, tels que Sylvain Charlebois et Daniel-Mercier Gouin, n’ont pas voulu le commenter.

Pour Yan Turmine, président de Bélisle Solution Nutrition, les dirigeants des Producteurs de lait du Québec tentent ainsi de regagner la confiance de leurs membres. Plusieurs déplorent son manque de transparence, sur la question du lait diafiltré, notamment : « Je pense qu’ils n’avaient pas le choix d’agir de la sorte, pour calmer le monde. Depuis la création de Lait’Quitable, les producteurs de lait se sont mieux réseautés et ils se font clairement entendre. La Fédération se devait de cesser de gérer toute seule dans son coin. », commente-t-il.

Revoir la cotisation ?

C’est la première fois dans son histoire, que le conseil d’administration des PLQ offre un congé de cotisation. Ainsi donc, c’est l’équivalent de 3,7 M$ qui ne seront pas perçus à compter du 1er mai et ce, jusqu’au 1er août prochain : « On va réajuster le tout dans trois mois. Si jamais il y a encore des surplus, on prendra une décision subséquente. Pour l’instant, ce n’est pas prévu de renouveler ce congé de cotisation », poursuit M. Dumontier.

Le Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) croit, que ce « cadeau» des PLQ cache plus.  Si les membres avaient pu être consultés, les dirigeants des PLQ auraient pu choisir d’autres options, comme de revoir à la baisse le montant des contributions pour l’administration du Plan conjoint : « Les producteurs sont trop cotisés, à la base. Sans ce congé, c’est 14,5 M$ qui aurait été collectés en 2017, quand on calcule bien. C’est là où la réflexion devrait se faire. Les producteurs devraient-ils payer moins cher », questionne son président Jacques Cartier.

Car les cotisations à l’UPA continueront à augmenter à compter du 1er août prochain.

L’UPA, par la voie de Juneau, peu loquace !

Interrogé sur le total versé par les producteurs de lait en termes de cotisation pour le fonds d’administration, la publicité, le transport du lait, contrôle de la qualité, le soutien à la relève, la R&D, et le membership, le porte-parole de l’UPA, Patrice Juneau, s’est montré peu loquace.

Il a d’abord déclaré par courriel que « quant aux cotisations UPA, ces dernières ne sont malheureusement pas ventilées par secteur de production. Il me sera donc impossible de donner suite à votre demande. ».

Le lendemain, il envoyait cependant sans explications de son contenu, un tableau spécifiant les sommes payées par plusieurs des fédérations. Au total, ces cotisations représenteront près de 8,7 M$ pour l’année 2017-2018 à compter du 1er août prochain. Il nous a été précisé que M.Groleau, le président de l’UPA, n’était pas disponible pour entrevue.

 

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