L’entreprise félicinoise Les Serres Toundra embauche essentiellement des travailleurs locaux afin de promouvoir la diversification économique de la région. Ce modèle est nouveau au Québec et fait douter l’industrie agricole quant à sa véritable possibilité de réussite.
Dans la serriculture, il est presque incontournable d’engager des travailleurs temporaires immigrants. Cette pratique est répandue à la grandeur du Québec dans les productions maraîchères de grande envergure.
Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau a d’ailleurs aboli la « période cumulative de quatre ans maximum» imposée aux travailleurs étrangers temporaires. Cette mesure, qui avait été mise en place sous le gouvernement conservateur, limitait grandement leur embauche.
Si l’emploi de travailleurs étranger est répandu, ce n’est pas nécessairement parce que leur embauche coûte moins cher. Au contraire, les immigrants qui travaillent dans la production maraîchère sur une courte période engendrent légèrement plus de dépenses pour les producteurs.
Benoît Girouard, président de l’Union Paysanne, explique que ce n’est donc pas nécessairement pour baisser les prix de production, mais bien parce que la main-d’œuvre immigrante a des horaires plus flexibles : « Ils vont travailler des heures plus longues, […] ils sont plus souples dans les heures de travail et la durée du temps de travail. » En effet, dans le cas de productions comme celles des concombres et des tomates, les opérations ne peuvent pas attendre lors des grandes périodes de production. Engager des travailleurs aux horaires plus flexibles peut donc représenter un avantage pour les employeurs.
Serres Toundra avait fièrement annoncé l’emploi uniquement de travailleurs locaux lors de l’ouverture des serres à l’automne 2016. Les complexes de serres actuels posent de nombreuses questions au niveau de la consommation d’énergie pour arriver à produire les légumes. Selon M. Girouard, « le milieu doute de l’efficacité avec la non-embauche d’immigrants temporaires ».
Le président de l’Union Paysanne croit que, dans la situation de Serres Toundra, « on est face à l’expression de certains vices du milieu agricole et on doit se questionner sur le salaire d’un peu tout le monde, […] qui est basé sur le plus bas coût possible ».
Serres Toundra dit vouloir servir d’exemple au Québec en embauchant des travailleurs locaux, malgré le modèle économique fragile dans le domaine serricole. L’entreprise vise à engager environ 400 employés. Le projet est soutenu par les Chambres de commerce et d'industrie de Roberval, Normandin, Dolbeau-Mistassini et Saint-Félicien.