«L’intégration le choix qui a tout changé !»

Le 1er juillet 2014 décédait Jean Garon, une icône pour plusieurs producteurs. Trois ans après sa mort, certaines de ses pensées raisonnent encore. Voici ce qu’il disait de l’intégration dans son livre Pour tout vous dire, coédité en 2013 par VLB Éditions et La Vie agricole. Garon y rappelle que le choix de l’agriculture industrielle ne date pas d’hier: « Le gouvernement Bourassa a fait un choix, celui de la méga entreprise agro-alimentaire basée sur l’exploitation des actifs et de la force de travail d’agriculteurs jusque-là indépendants. La rentabilité de ces géants était désormais garantie par un régime d’assurances financé aux deux tiers par des fonds publics. Cherchez l’erreur»

Jean Garon disait aussi ; « Les libéraux ont commencé par s’attaquer aux plus petits producteurs, pour “sauver de l’argent“, disaient-ils. Alors que le régime prévoyait un minimum de 50 porcs pour être assuré, permettant ainsi à un nouveau producteur de débuter tranquillement, ils ont haussé ce plancher à 250 têtes. Sous le prétexte d’économies, ce nouveau barème éliminait beaucoup de petits producteurs. Et puis, le grand coup a été donné : on avait haussé le plancher, maintenant il fallait faire sauter le plafond, en éliminant les maxima fixés par le régime. On ouvrait ainsi les portes toutes grandes aux « millionnaires du porc», comme on appelait certains intégrateurs. Cette aberration économique ne peut s’expliquer que par l’influence des intégrateurs privés et coopératifs sur le Parti libéral. Leur ancien avocat, Pierre Paradis, ancien membre du Parti québécois en 1977, ancien vice-président de l’Union nationale en 1978 et ci-devant candidat à la chefferie du Parti libéral en 1983, venait d’être nommé au cabinet. Par lui les millionnaires du porc avaient désormais leurs entrées au gouvernement, ».

Pour Jean Garon, la ligne directrice de celui qui fut jusqu’en janvier dernier ministre de l’Agriculture aurait été de servir ses «clients-intégrateurs » financiers de sa campagne à la chefferie du Parti libéral. Garon s’exprimait alors sans avoir vu les tentatives de Pierre Paradis de permettre aux petits producteurs de bénéficier de remboursements de taxes dans le cadre d’une nouvelle politique balayée dès l’arrivée de Laurent Lessard à la tête du MAPAQ: « Le parcours politique de Pierre Paradis n’est sinueux qu’en apparence: sa ligne directrice a été, pendant toutes ces années, la défense des intérêts de ses clients intégrateurs lesquels, en retour, auraient financé en grande partie sa campagne à la chefferie du Parti libéral. » écrivait également Garon. Personne ne saura donc si Garon avait raison et quel aurait été l’effet Paradis sur l’agriculture s’il avait gardé son poste et s’il allait vraiment dévié de l’avenir commun aux intégrateurs que lui prédisait Garon. Jean Garon par son franc-parler a du fasciner plusieurs politiciens au cours de sa carrière pour qu’autant d’entre eux deviennent des amis fondateurs de l’Institut qui porte son nom. Et quel beau message d’ouverture de la part de Pierre Paradis qui, lorsqu’il était en charge du MAPAQ, a contribué à faire connaître l’existence de l’Institut Jean-Garon, tout attaché qu’il était à souhaiter un débat libre dans le monde agricole. Seul un retour de celui-ci au ministère de l'Agriculture pourrait nous dire s'il irait jusqu'au bout de ses intentions de moderniser les politiques agricoles. 

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