La mobilisation citoyenne en vue de préserver la vocation agricole de la Ferme Chapais à Lévis est en marche. Récemment, La Vie agricole a accompagné un groupe de citoyens dans une visite exploratoire du site qui s’étend sur 40 hectares, en plein cœur de la zone urbaine, mais séparé d’elle par la falaise, une petite rivière et un magnifique boisé.
Tellement isolé que bien peu de Lévisiens l’ont déjà visité et pour cause : la Ferme Chapais a été pendant presque tout le 20e siècle une station de quarantaine animale.
Ce statut explique que la propriété constituée de trois plateaux en gradin au-dessus du fleuve ait échappé au raz de marée immobilier qui a privatisé presque tout ce qui offre une vue ou un accès au fleuve sur les deux rives, à la hauteur de Québec et Lévis.
Le gouvernement fédéral vient de mettre fin à la vocation agricole du lieu en transférant sa station de recherche sur les sols à la ferme de l’Université Laval située à Saint-Augustin. Le mandat de disposer des terrains et des quelque dix bâtiments à vocation agricole qui s’y trouvent a été confié à la Société immobilière du Canada avec l’obligation d’en tirer le meilleur prix possible.
Cependant, le consensus pour que le site demeure dans le domaine public est très large, à commencer par la ville de Lévis qui a juré que le statut actuel de parc sera maintenu, ce qui limite l’ambition des développeurs immobiliers. Parallèlement, des citoyens sont à élaborer différents scénarios d’usages publics dont plusieurs tournent autour de l’agriculture urbaine qu’il s’agisse d’un centre d’interprétation, d’activités de formation, de jardins communautaires ou encore du regroupement dans un même lieu de différents organismes de défense et de promotion de l’agriculture. Le volet historique n’est pas oublié avec une réflexion en cours sur un projet de site national autochtone.
En résumé, peu de villes ont la chance d’avoir un tel espace agricole intact au beau milieu de leur périmètre urbain. Contrairement à ce qui se passe dans le dossier des terres des Sœurs de la Charité, à Québec, il semble bien qu’à Lévis, on en soit pleinement conscient.