La quasi-totalité des agriculteurs canadiens prospèrent sans gestion de l’offre selon L’IEDM

Au Canada, 92 % des agriculteurs tirent leur épingle du jeu sur le marché mondial sans profiter de mesures de soutien substantielles, selon un Point* publié le 17 août dernier par l’IEDM ( Institut Économique de Montréal). La renégociation de l’ALÉNA représente donc, selon cet Institut, «une occasion d’élargir l’accès à ce marché pour la minorité de producteurs toujours soumis à la gestion de l’offre, ce qui limite leurs perspectives de croissance. »

« Les subventions et mesures de soutien aux producteurs hors gestion de l’offre représentent moins de 3 % des recettes brutes, comparativement à 43 % pour la production de lait assujettie à la gestion de l’offre », dit Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques et auteur de la publication.

Les productions hors gestion de l’offre sont en forte demande sur le marché mondial précise l’IEDM dans son communiqué. «En effet, le Canada se classe au 3e rang des plus grands exportateurs d’oléagineux au monde et au 5e rang en ce qui concerne les viandes bovines. Dans l’ensemble, c’est près de 60 % de la production agricole et agroalimentaire du Canada qui est destinée aux marchés étrangers, dont plus de la moitié vers le marché américain.Toutefois, cette réalité est étrangère aux 8 % des fermes qui opèrent sous le régime de la gestion de l’offre (producteurs de lait, œufs, volailles). En effet, ce système rend pratiquement impossible toute exportation ou importation.»

M.Moreau ajoute que «Les producteurs laitiers du Canada ne peuvent profiter de la hausse de la consommation mondiale pour accroître leur production, puisque leurs produits sont soumis à un système de quotas et de tarifs qui limite le niveau de production à celui de la consommation domestique. La saturation du marché canadien a même poussé les transformateurs laitiers à s’installer à l’extérieur du pays pour répondre à la demande mondiale.»

Selon L’IEDM, pour justifier le maintien de la gestion de l’offre, les associations de producteurs affirment qu’ils ne pourraient pas être concurrentiels sur le marché américain et, que sans ce système, ils perdraient même leurs parts du marché domestique.

« Cet argument ne tient pas la route. Pour plusieurs types de productions hors gestion de l’offre, le soutien aux agriculteurs canadiens est considérablement inférieur à celui dont bénéficient leurs concurrents américains ou européens, ce qui ne les empêche pas de tirer leur épingle du jeu sur le marché mondial », explique M. Moreau.

« Sans accès au marché mondial, le niveau de production dans le secteur canadien de l’agriculture et de l’agroalimentaire serait largement inférieur et des milliers d’emplois seraient perdus », conclut Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM. « Si 92 % des fermes réussissent bien sans gestion de l’offre, il n’y a pas lieu de croire que les autres ne pourraient pas y arriver. »

 

*Le Point intitulé « La prospérité agricole passe-t-elle par la gestion de l’offre? » est signé par Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l’IEDM.

 

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