Lettre Ouverte d’un Apiculteur

Réponse au président de l’association des producteurs de grains du Québec sur l’usage inoffensif des néonécotinoïdes sur les abeilles:

L’abus de démagogie inspire réaction. M. Overbeek (président de l’association… des grains…) s’est servi du rapport des causes de pertes d’abeilles hivernales 2017  au Canada, pour innocenter frauduleusement les néonics!

Ce rapport fait état de l’opinion des apiculteurs sur les causes de pertes de ruches au printemps. Une compilation d’opinions. Les apiculteurs ont choisi de cocher des cases comme : Varroas, reines déficientes, réserves insuffisantes, climat… Les apiculteurs ne sont pas des scientifiques. Notre opinion est basée sur notre expérience. Nous avons appris à nos frais que de voisiner les champs semés de graines enrobées de ces pesticides systémiques détruit les ruches dans un délai de deux semaines ! Donc nous les fuyons comme la peste et travaillons à former plus de ruches pour compenser les pertes. L’augmentation du nombre de ruches est une forme de prévention pour réchapper de quoi vivre.

Si nous ne déclarons pas les néonics, c’est que nous ne faisons pas d’autopsies systématiques. Ces néonics sont systémiques, c’est-à-dire qu’étant absorbés par les racines des plantes, ils pénètrent toute la plante. De la racine, tige, feuille, fleur, pollen, nectar jusqu’au fruit; toute la plante en est  imbibée de produits jusqu’à 7000 fois plus toxiques que le DDT.

Tout insecte qui consomme une partie de la plante est perturbé neurologiquement. Il perd la mémoire (comme Alzheimer) et en meurt éventuellement sans continuer d’accomplir ses tâches.

95% de cette poudre soluble qui enrobe les semences est absorbé par d’autres plantes et/ou ruisselle dans les flaques d’eau, fossés, lacs et ruisseaux. Les insectes dont se nourrissent les oiseaux, les grenouilles et les poissons  sont contaminés; entre autres, les papillons Monarques. Toute la chaîne écologique est atteinte. Une promesse d’hécatombe. Les rivières les portent jusqu’au fleuve qui les dilue. Les pesticides comme les néonics, médicaments (antibiotiques, contre la vie) et polluants de toutes sortes se reconcentrent dans la chaîne alimentaire. Les planctons, krills ou crevettes dont se nourrissent les baleines à la tonne les concentrent encore plus.

Il ne faut pas une grande capacité d’extrapolation pour percevoir que les comportements désordonnés des baleines proviennent de nos rejets de poisons dans l’environnement. Elles ne se font pas frapper par les bateaux et ne meurent pas par hasard. Elles perdent la raison et la vivacité de leur puissance naturelle. Les bandes filtrantes, végétalisées, autour des champs ne sont utilisées que très rarement.

Les champs sont brûlés aux herbicides jusque dans les fossés. Facile à vérifier. Les politiques  favorisent les bandes filtrantes, mais ne sont presque pas mises en pratique. Il est temps de dire la vérité.

L’agronomie, depuis l’après-guerre, s’est développée par les recherches menées par l’industrie des semences, engrais chimiques, herbicides, fongicides et insecticides. Ils sont la source des connaissances modernes enseignées dans nos écoles et forment les agronomes conseillers auprès du monde rural et des gouvernants. Le sol y est un substrat qu’on tue pour le contrôler au profit de l’industrie multinationale des intrants.

 Ces dernières années, la science a découvert la vie du sol que l’agriculture biologique pratiquait comme des farfelus depuis un siècle. Le tapis de mycorhizes sous la surface du sol s’est révélé comme un lien essentiel et majeur entre le règne végétal et minéral en association avec les bactéries. La forme la plus avancée qu’est la permaculture a compris que l’on est loin de saisir la complexité de la vie.

Donc on nourrit le sol, la vie du sol. Le contraire de l’approche toxique. L’exemple du microbiote, de l’importance d’une saine flore bactérienne pour maintenir la santé est devenu évident. Il en est de même dans le sol. La preuve est établie, les bonnes bactéries sont la meilleure protection contre les pathogènes. Elles occupent le territoire et empêchent les mauvaises d’exister en trop grand nombre.   «Quand on est en santé, on n’est pas malade»! Les rendements sont même souvent supérieurs et permettent une innocuité garante de santé.

 Les bio n’ont pas le pouvoir de lobbying de l’industrie. Les conseillers officiels sont à la solde de compagnies puissantes. À quand le refus du scandaleux lobbying pour réfléchir lucidement à une planète saine pour tous les êtres vivants dont nous faisons partie?

Sommes-nous si dénués d’imagination, de créativité et de ressources que nous devons nous empoisonner pour se nourrir ?

Yves Castera, apiculteur et jardinier bio depuis 42 ans

Produits Bio La Fée

             

            

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