Rouvrir la Loi sur les producteurs agricoles pour ne parler que de son financement ne serait pas dans la vision de la députée de Mirabel, Sylvie D’Amours et porte-parole de la CAQ en matière agricole. Encore moins dans l’esprit de dizaines de producteurs agricoles, de l’Union Paysanne et du Conseil des entreprises agricoles.
Travailler sur tous les articles de la Loi de 1972
Sylvie D’Amours précise les propos que le journal La Terre de chez nous lui font dire, estimant avoir été partiellement citée : « Ce que j’ai dit au journaliste, c’est que je suis d’accord pour rouvrir la Loi pour la question du financement. Mais je ne suis pas d’accord pour une augmentation élevée de la cotisation qui dépasse le taux normal de l’inflation. Et s’il y a réouverture de la Loi (…) personne ne pourra nous empêcher de travailler sur tous les articles. Cette loi est désuète et la CAQ voudra l’adapter à l’ensemble des besoins pour tous, y compris les membres du CEA et de l’Union paysanne », a-t-elle déclaré.
Des producteurs furieux
« L’accréditation fait partie de la Loi. Elle doit être aussi discutée », renchérit le président du Conseil des entreprises agricoles (CEA), Jacques Cartier.
Sur le site Lait’quitable, plusieurs producteurs agricoles critiquent le jeu actuel de l’UPA, et croient que cette demande est une stratégie pour calmer la grogne qui ne se tarit pas à travers les assemblées régionales, malgré la présence des Lemieux ou Groleau sur place.
« (…)Les partis politiques ne veulent-ils donc pas savoir par qui ces entrepreneurs désirent être représentés, de quelle façon ils veulent être représentés, ou bien à la limite, s’ils ont besoin d'être représentés? », a lancé le producteur Gaétan Gagnon, de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Joute politique
D’autres agriculteurs sont d’avis que la demande de réouverture de la Loi est une tactique pour obtenir des promesses des partis politiques, tous en mode préélectoral.
« Rouvrir la loi en ce moment est très habile de la part de l'UPA. Le parti libéral du Québec est second dans les sondages et dans la prochaine année le PLQ va vouloir reconquérir le cœur des électeurs », analyse Marc Lessard, de Saint-Joseph-du-Beauce.
À cela Jean-Louis Tinant, également de la Montérégie, renchérit, « Cite-moi une place où la représentation monopoliste est en vigueur ailleurs qu'au Québec ? Dans les années 70, c'était probablement nécessaire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, surtout que ce syndicat est devenu boulimique et continue à engager de plus en plus de fonctionnaires. L'UPA du futur est un échec. »
La députée Sylvie D’Amours doute fort que le Parti libéral cédera aux demandes de l’UPA.
« On va manquer de temps, c’est évident. L’UPA veut des promesses électorales de la part de tous les partis politiques. Ses dirigeants sont en train de tâter le terrain. Le PLQ ne voudra pas se mettre l’UPA à dos, mais il aura tous les producteurs contre lui, s’il agit trop vite », croit-elle.
L’équité selon l’UPA
Le président sortant de l’Union Paysanne, Benoît Girouard, ne mâche pas ses mots, pour dénoncer la démarche actuelle de l’UPA : « Marcel Groleau manipule ici les agriculteurs en utilisant la question de la double cotisation ou de la taille (des entreprises) alors que son organisation ne boucle pas son budget. L'Union paysanne préparera un petit cahier aux députés qui devrait les faire sursauter, » promet-il.
Jacques Cartier considère que l’UPA se fait juge et partie dans cette affaire de financement.
« Ses dirigeants parlent d’équité pour tous les producteurs. Équité selon les visions de l’UPA ou selon la logique économique ? L’UPA décide elle-même de ce qui est équitable pour les diverses spécialités. Elle est en conflit d’intérêt constant », souligne-t-il.