Faut-il limiter la possession de quotas par ferme ?

NDLR: Cet article fait état d'une conversation qui a cours sur les réseaux sociaux depuis jeudi. Un des producteurs identifié hier dans une première version réclame aujourd'hui l'anonymat, démontrant une fois de plus le manque de courage pour plusieurs à exprimer des opinions librement au Québec dans le monde agricole.

Devant le silence persistant des Producteurs de lait du Québec quant à la stratégie d’attribution des quotas aux entreprises, des producteurs laitiers ont lancé une série de réflexion, les unes en ligne, d’autres lors de rencontres dans la région Montérégie Ouest.

Une résolution a été préparée et placée sur sa page Facebook par Sylvain Dénommé, un producteur laitier du Témiscamingue. Celle-ci est intitulée : « Urgence pour sauver la gestion de l’offre : plafonner la possession du quota ».

Il soumet en divers points de considération que la pratique de distribution actuelle de quotas détruira la gestion de l’offre et la petite ferme laitière de dimension familiale à plus ou moins long terme. Et il ajoute que le Système central de vente de quotas (SCVQ) est inefficace pour les petites entreprises. Il  demande aux Producteurs de lait du Québec de plafonner la possession de quota détenu par individu à 100 kg/jour au maximum, dépendamment du pourcentage détenu (par celui-ci) dans l’entreprise et de plafonner la possession par site à 500 kg/jour. Il poursuit en demandant aux Producteurs de lait du Canada de convaincre le restant du pays à appliquer cette politique.

Consultations en Montérégie

De leur côté, les producteurs laitiers de la Montérégie Ouest sont convoqués à quatre séances d’information d’ici la mi-décembre pour réfléchir collectivement sur les politiques de quota et présenter une position consensuelle lors de la prochaine rencontre des PLQ.

« Au cours de derniers mois, les producteurs ont répondu à un sondage en ligne. Un comité d’étude a été chargé de documenter certaines options de mesures évoquées dans le cadre d’assemblées régionales, telles que les fusions partielles, la location de quota, la révision des balises pour des mises minimales du SCVQ », peut-on lire sur l’invitation comprenant également un ordre du jour.

Débat autour d’une restriction

À la proposition de Sylvain Dénommé, le président des PLQ, Bruno Letendre, rencontré par La Vie agricole lors du Sommet sur l’Alimentation, n’a pas su quoi répondre ni argumenter.  Par contre, du côté des producteurs laitiers, le débat s’est animé sur les réseaux sociaux : « Ça prend une proposition facile à gérer et vendable à la majorité!!! Disons plafonner en % du quota provincial comme (cela se fait) en Saskatchewan, » réplique Christian Kaiser. Il ajoute : «(restreindre )0,1% du quota du Québec ferait 4000 kg. Cela enlève le risque de l'argent,  l'intégration à grande échelle et laisserait la possibilité de croissance à tous ! »

Une productrice, Stéphanie Leclerc, croit, quant à elle, que pour soutenir la prospérité et l’efficacité des entreprises familiales, il ne doit pas y avoir de limite d’acquisition de quota. « On devrait même parler de fusion à l’heure qu’on est rendu et non pas de restriction. »

La productrice laitière ajoute que cette proposition ne tient pas la route et qu’elle devrait aller directement au bac de recyclage « Nous avons juste à nous ajuster et à être productifs », répète-t-elle.

Un producteur d'abord identifié qui réclame maintenant l'anonymat se fait cinglant : « La question n’est pas là. Combien serons-nous et voulons-nous être dans 5 ans? 4000, 3000, comme les plumes, 850! (…). C’est pas ça être proactif. Je le redis, lorsque nous serons peu nombreux, moins de 5000 et  moins 10 000 au Canada la gestion de l’offre sera très difficilement justifiable! Le petit marketing des petites fermes dans les épiceries sera de l’hypocrisie et les consommateurs finiront par s’en apercevoir! Et avec raison! »

Débat sur les réseaux sociaux autour de la gestion de l'offre

Ce débat sur les quotas ne cesse depuis jeudi sur les réseaux sociaux. Le sujet se précise chez beaucoup de producteurs laitiers.

ce producteur a rajouté : « Je constate l'inertie totale dont certain profitent. Avoir eu une réelle ambition de vouloir conserver un nombre élevé de producteurs de lait, les solutions étaient là. Cependant les favorisés (je les comprends, ils encaissent solidement) n’en veulent surtout pas! Toute la croissance nationale aurait dû être séparée également entre les producteurs. Là, et seulement là, tout le monde aurait eu un élan entrepreneurial ! (…) En Montérégie (…) Ils crient pas trop fort au loup présentement avec l’aide égale pour tous! La moyenne provinciale est 63va/entreprise et quelle est la moyenne du conseil d’administration? Voilà une explication ! Où est la juste représentabilité!

Moi je regarde aller et ce que Christian Kaiser et autres ne voient pas c’est que le public modifie sa vision avec des documentaires comme  "La ferme et son État" qui dénonce les oligopoles vers où on s’enligne. Bientôt ça ne sera plus seulement les gros producteurs laitiers qui voudront sa fin mais bel et bien des gars comme moi qui a reçu 20% de 60 kg de croissance tout en regardant des homologues 20% de 1000kg!!!!! Qui avec ces mêmes 200kg gratuit construit pour 850 vaches supplémentaires! Je n’approuve en rien cette direction et elle mène droit au mur…..probablement avec mon approbation de surcroît!»

L’Ontario parle quota

De son côté, Dairy Farmers of Ontario (DFO) joue cartes sur table avec les producteurs laitiers de sa province. Dans l’édition de novembre de leur magazine Milk Producer, la stratégie pour l’accès au quota est clairement détaillée. Ainsi, y apprend-on que les offices provinciaux de mise en marché du lait signataires de l’Accord sur la mise en commun du lait dans l’est du Canada, c’est-à-dire ceux de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec et de l’Ontario, identifié sous le vocable de P5, « se sont vu attribuer un contingent additionnel de 1% et une journée incitative par mois », ceci mis en vigueur depuis le 1er novembre dernier.

Le porte-parole de DFO, Patrice Dubé, ajoute qu’ « il pourrait y avoir l'équivalent d'environ 4% /mois de plus de production au printemps 2018. »  Par ailleurs, le comité du quota P5 se réunira les 11 et 12 janvier 2018 pour déterminer combien de lait additionnel et de matière grasse associée seront nécessaires pour répondre aux nouveaux investissements et développements de produits en 2019 et après.

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