La Ferme des Quatre-Temps: un modèle dispendieux, mais prometteur

La Ferme des Quatre-Temps, dans laquelle André Desmarais a investi des millions, demeure un modèle enviable en agriculture biologique.  À l’occasion d’un après-midi « portes ouvertes », le responsable de la section maraichère, Jean-Martin Fortin, a réitéré qu’il n’est pas nécessaire d’être une grosse entreprise pour être rentable. Encore faut-il que le MAPAQ fasse son bout de chemin règlementaire, pour en faciliter la croissance.

La section maraichère comprend 45 blocs de dix planches dont le développement se réalise à une vitesse normale, pour de l’agriculture biologique. La ferme fait aussi l’élevage de 150 porcs, 200 vaches veaux et 450 poules, gérés par une équipe totalement indépendante de celle des cultures maraichères. L’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires de 2 M$ par année.

Achevant sa 2e année de mise en marché, les cultures sont suffisamment rentables pour dépasser les objectifs de vente à certaines périodes de l’année, surtout au printemps. « Il suffit d’être plus efficace », a déclaré d’entrée de jeu Fortier.

L’innovation avant tout

L’équipe des 12 personnes responsables des cultures maraichères est appuyée par des agronomes spécialisés, pense « innovation » sans relâche et n’hésite pas à revoir les stratégies de départ. « On y arrive parce que nous sommes tous sur la même longueur d’ondes, nous avons les mêmes idées, nous utilisons les mêmes techniques. Mais un des grands défis c’est que ce modèle est dispendieux, c’est impossible de faire quelque chose de pas cher », avoue Jean-Martin Fortier.

Les dédales règlementaires

Car, si les idées fourmillent pour améliorer les travaux de semis, cueillette, lavage et de mise en marché, elles sont régulièrement freinées par les règles du MAPAQ.

Par exemple, les employés affectés à la salle de lavage des laitues mesclun et légumes, aménagée sur un bâtiment  au plancher en béton, intégrant un système de réfrigération high-tech, ont connu mille tracasseries à la suite de visites d’inspecteurs du MAPAQ qui considèrent que le bassin de lavage, un ancien réservoir à lait et les anciennes laveuses à linge modifiées pour essorer les laitues en un temps record ne sont pas règlementaires. Ils suggèrent d’acheter des machineries non patentées d’un fabricant officiel.

« C’est incroyable. Tout est trop long, trop compliqué. Ça a pris deux ans pour obtenir les permis pour la transformation dans les cuisines. Même chose pour les  élevages d’animaux. Mais on avance », lance laconique Jean-Martin Fortier.

Tout au long de la visite, les innovations originales freinées par les négociations avec le MAPAQ reviendront comme un leitmotiv.

Saison prolongée

Le travail préparatoire aux champs débute le 3 janvier à la Ferme des Quatre-Temps et la saison des récoltes dès la fin mars grâce à l’installation de dizaines de tunnels Chenil, une initiative qui permet d’arriver sur les marchés publics très tôt et de récolter jusqu’aux premières neiges.

« En avril, mai, juin, on fait nos meilleures ventes de l’année, avec 16 000$ par mois », explique Jean-Martin Fortier, tout en reconnaissant que cette efficacité a suscité des craintes chez des maraichers biologiques. Il ajoute : « Avec les restaurateurs, nous pourrions vendre à l’année, il y a de la demande pour cela. Et je reconnais que je suis un privilégié, car c’est compliqué créer une clientèle. Ici, on est vraiment pressé à atteindre la rentabilité. On n’a pas le choix d’être innovateur, efficace.  On travaille à des créneaux spécialisés.»

 

 

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