L’émasculation de nos politiques étrangères

Lester B. Pearson, ancien diplomate émérite, ancien Premier Ministre du Canada (1963-1968) et lauréat du prix Nobel de la paix en 1957, influence encore quotidiennement les diplomates du Canada dont les bureaux sont situés  dans un chef d’œuvre architectural qui porte son nom. L’édifice Pearson est situé sur la rue Sussex, la rue la plus en vue d’Ottawa.  À partir du lobby de cet édifice, on peut se rendre à pied aux résidences du Premier-Ministre, de la Gouverneure générale, de celle du chef de l’opposition, de plusieurs ambassades et pénétrer dans le richissime quartier Rockliffe Park, le tout situé aux confins des rivières Outaouais et Rideau. Ce décor aux pays des merveilles et leurs bénéfices exceptionnels lorsque postés à l’étranger jouent invariablement dans la psyché de ses diplomates qui se considèrent depuis des générations comme la crème du mandarinat d’Ottawa. 

Il m’a toujours semblé que les grands serviteurs du ministère des Affaires Mondiales rêvent tous de devenir l’émule de ce célèbre diplomate qui a si bien servi en Égypte, la cause mondiale de la paix. Il n’est pas rare de voir nos diplomates participer à des réunions internationales et prendre des positions inexplicables et sans pertinence pour l’intérêt  des canadiens mais qui prennent tout leur sens si on pense à Lester B. Pearson.

Le spectre  de ce prix Nobel de la paix hante toujours nos diplomates, qui conseillent officiellement, mais décident dans les faits, la politique étrangère du Canada. Ils demeurent inspirés par leur idole en faisant passer trop souvent l’intérêt mondial avant le nôtre.  C’est ce qui a valu aux fonctionnaires de ce ministère l’épithète de « scouts » par ceux qui trouvaient que l’intérêt des canadiens passait toujours en deuxième. Ils sont l’antithèse de Trump.

Le Canada a beaucoup cédé gratuitement à l’Europe après la signature du CETA, y compris probablement la dernière concession sur l’allocation de contingents de fromages à des grands distributeurs, contre l’avis de tous, lesquels s’en serviront pour forcer nos prix à la baisse.  On apprend maintenant que le Canada cherche à s’illustrer en voulant aider à résoudre le différend entre les États-Unis et la Corée du Nord. Dans tout ce contexte, la position du Canada sur l’ALENA inquiète au plus haut point.  Le Canada veut atteindre des objectifs sociaux alors que la gestion de l’offre est en train de se faire crucifier par Trump. Quand le Pitbull veut nous dévorer on ne fait pas des guili-guili au « gentil » Terrier.

Il n’y a rien de mal à prôner des mesures sociales, au bon temps et au bon moment mais dans ce contexte, il est difficile de savoir où se trouve l’intérêt des canadiens.  Il est surtout difficile de comprendre comment des républicains américains qui dominent  la Maison Blanche, le Sénat et la Chambre de représentants pourraient se laisser entrainer vers une orientation sociale qu’ils abhorrent  et qui « appartient » plutôt à leurs ennemis politiques. 

Un succès canadien signifierait que nous avons amené les USA plus à gauche socialement (dans l’intérêt de qui vraiment) alors qu’un succès américain signifierait que nous avons cédé notre avenir aux « gentils » Pitbulls qui vivent au sud de la frontière.  L’année 2018, l’année du pot, risque d’être désastreuse pour le Canada, mais nous seront les plus « cool » de la planête.

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