Avec un prix de vente moyen au gramme estimé à 6,85$ au Canada, les producteurs en serre du Québec qui veulent se lancer dans la culture du cannabis auraient tout avantage à patienter quelques années avant d’entrer dans le marché. Et entre-temps, travailler au développement d’un produit de niche, au même titre que les micro-brasseries l’ont réussi au Québec.
Invité à donner sa vision de ce nouveau marché, à l’occasion d’une soirée d’information organisée par le Bloc Québécois, le président des producteurs en serre du Québec, André Mousseau, souhaite connaître rapidement le cadre légal et règlementaire qui sera imposé par l’Assemblée nationale du Québec.
« On pourra alors faire un plan d’attaque » dit-il. Mais André Mousseau indique qu’il ne faudra pas se faire d’illusion. « On aura un seul acheteur avec la Société québécoise du cannabis (SQC). C’est un monopole. Ce ne sera pas plus facile d’y entrer que ça ne l’est pour vendre sur les tablettes de la SAQ. C’est la même gang, la même pensée. Nous, on ne vise pas ce marché-là. »
Consommation locale : 1 million de consommateurs !
Selon des données fournies par le politicologue et chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), Philippe Hurteau, le Québec compterait un million de consommateurs de cannabis. Le marché québécois de consommation de cannabis s’élèverait à 178 tonnes par année, pour une valeur de vente de 1,3 milliard de dollars par année, lorsqu’on calcule le prix du gramme à 7 $ ou 8 $/le gramme (gr).
Installer une serre au Québec demande un investissement moyen de 3 M $. Et le coût de production d’un gramme de cannabis en serre s’établit entre 89 cents à 1,25 $/gr. André Mousseau estime que le prix payé aux producteurs par la SQC serait de 3$/gr. Notamment, parce que le Mexique et les grands industriels du cannabis seront les principaux concurrents sur le marché.
« Ce n’est pas pour rien qu’il y a consolidation dans le secteur, car il y a beaucoup d’argent à faire là-dedans, même si nous ne connaissons pas encore clairement les coûts de transport et du réseau de distribution. Ici, ça pourrait prendre 20 ans pour faire de réels profits », croit-il.
Développer un marché de niche
André Mousseau évalue, qu’en pareil contexte, les petits producteurs n’ont pas les reins assez solides pour affronter les grandes industries qui se battront les unes contre les autres pour s’accaparer le marché officiel.
« Nous, on se dit qu’il serait plus profitable de développer 50 petits producteurs en région, qui produiraient sur 10,000 pi2 et moins, l’une ou l’autre des 600 variétés de semences de cannabis. Ce serait créateur d’emplois, de richesse régionale. On suggère aux producteurs intéressés de regarder ce qu’ont fait les micro-brasseries et de se calmer, d’attendre deux à trois ans avant de bouger», complète André Mousseau.