À l’issue du Sommet sur l’alimentation du 17 novembre 2017, le premier ministre, M. Philippe Couillard, et le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, M. Laurent Lessard, ont confirmé le dépôt d’une Politique bioalimentaire du Québec au cours du printemps prochain. À quelques jours du printemps et au moment de rédiger cette chronique, je suis sceptique concernant sa divulgation. Comme ces quelque 200 personnes qui y ont participé et qui sont interpellées par la vitalité de notre secteur agroalimentaire et des milieux ruraux, je trouve le ministre bien silencieux, voire très discret.
Force est de constater que le ministre Lessard est complètement absent de la scène politique au moment même où il devrait être plus présent que jamais. Il est vrai que le ministre de la Santé monopolise à lui seul toute l’actualité québécoise laissant peu de place à ses collègues du Conseil des ministres.
Malgré mon scepticisme, je suis persuadé que le ministre Lessard est pleinement conscient des attentes suscitées par ce Sommet dans le milieu agroalimentaire, lui qui doit faire face éventuellement à l’entrée en vigueur de l’entente Canada – Europe et bientôt de l’accord TransPacifique.
Arrêtez d’en mettre, le sceau est plein
À quelques semaines de l’annonce du prochain budget par le ministre Leitao, les enjeux sont tellement importants pour le monde agricole que son silence s’explique mal. J’aimerais lui rappeler qu’à peine l’accord TransPacifique conclu, le gouvernement Trudeau s’est mis en tête de conclure un autre accord commercial, cette fois-ci avec des pays d’Amérique du Sud, signataires du Mercosur soit avec le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, et le Paraguay. De quoi donner sûrement des sueurs froides à tous les producteurs agricoles! À l’instar de mes aïeux, j’ose penser tout haut : arrêtez d’en mettre le seau est plein.
Mon expérience politique me dicte également que le ministre a certainement déployé en janvier et février tous les efforts requis auprès de son collègue des Finances pour obtenir les sommes suffisantes pour réaliser, ou du moins, pour annoncer sa Politique bioalimentaire pour le Québec, et ce, avant les élections d’octobre prochain. À défaut d’obtenir les crédits nécessaires pour mettre en branle une telle Politique, il serait sage de la part du ministre Lessard de préciser, le plus tôt possible, comment il compte accroître les activités des secteurs de la production et de la transformation alimentaires au Québec, ou comment il espère soutenir la présence de nos producteurs sur les marchés du Québec, du Canada et de l’étranger, ou finalement, comment il entend répondre aux attentes des consommateurs à l’égard de la qualité des aliments et de la protection de l’environnement.
Force est de rappeler qu’au Sommet le Premier ministre et lui ont affirmé haut et fort que le secteur bioalimentaire, en raison de son poids dans l’économie québécoise, constitue une priorité à développer et un moyen pour améliorer la santé de tous les Québécois. De plus, le gouvernement en a même fait un engagement social stipulant dans son communiqué de presse «qu’il est primordial de fédérer à cette politique l’ensemble des organismes gouvernementaux afin de favoriser la proximité entre les producteurs locaux et les institutions publiques, notamment pour offrir une offre alimentaire saine et locale».
Nous espérons mieux qu’un vœu pieux
À ce jour, je m’interroge sur cette stratégie du silence et de l’absence du ministre sur la scène publique. À sept mois d’une élection générale, mes craintes sont que la Politique tant attendue par les milieux ruraux soit reléguée aux oubliettes et qu’il faille attendre la mise en place d’un nouveau gouvernement.
J’espère que mes craintes sont non fondées mais ce ne sera pas la première ni la dernière fois qu’un sommet gouvernemental se transforme en exercice futile. J’ose croire que cet exercice ne soit pas un bel exemple de vœu pieux où les bottines ne suivent pas les babines!