La lutte alternative contre les parasites serait possible!

Selon une étude  publiée le 26 février dernier dans le journal scientifique Environmental Science and Pollution Research, l’utilisation agricole des néonicotinoïdes (« néonics »), une classe d’insecticides faisant l’objet d’une controverse, ne possède pas l’efficacité qui leur était auparavant attribuée. De plus, ils peuvent être avantageusement remplacés par divers moyens durables permettant de lutter efficacement contre les ravageurs selon cette étude.

Dans leur dernière publication, le Groupe de travail sur les pesticides systémiques passe en revue quelque 200 études afin d’évaluer les effets de l’utilisation massive de ces insecticides systémiques en agriculture. Après 20 ans d’utilisation, le groupe examine le rendement des cultures et le développement des résistances chez les ravageurs.

 « Le recours systématique aux insecticides systémiques pour détruire d’éventuels ravageurs, inflige de graves dommages aux services écosystémiques qui soutiennent la productivité agricole », indique JeanMarc Bonmatin, vice-président du Groupe de travail sur les pesticides systémiques et chercheur au Centre national de recherche scientifique en France. « Cette nouvelle étude est intéressante parce qu’elle met en lumière l’existence et démontre la faisabilité à grande échelle de modèles de lutte antiparasitaire alternatifs — lesquels sont bien meilleurs pour l’environnement sans pour autant augmenter les coûts ou les risques pour les agriculteurs. »

Les néonicotinoïdes et le fipronil (membre de la famille des phénylpyrazoles) sont les insecticides les plus vendus dans le monde. Ils sont couramment employés en agriculture sous la forme de traitements de semences, même là où les ravageurs ne représentent aucune menace sérieuse.

Après 20 ans d’utilisation extensive des néonicotinoïdes, les études montrent que ces pesticides ont des effets désastreux sur la biodiversité et les écosystèmes, par exemple chez les pollinisateurs selon cette étude. « On attendrait que ces insecticides permettent des rendements et des revenus nets plus élevés, mais ce n’est pas vraiment le cas », indique M.Bonmatin. « Il est nécessaire de pondérer les avantages très relatifs contre les ravageurs avec les preuves accablantes de leurs effets négatifs sur les pollinisateurs, tous les invertébrés utiles et la biodiversité ».

 

L’article scientifique en question publié mentionne plusieurs approches de rechange et pouvant être combinées, afin de lutter efficacement contre les ravageurs : à l’échelle de l’écosystème (ex., corridors écologiques), à l’aide de meilleures pratiques agricoles (ex., rotation des cultures, variétés de cultures plus résistantes), en tirant profit de la lutte biologique (ex., prédateurs et parasitoïdes), et avec d’autres outils (ex., pièges, insecticides naturels). L’étude détaille particulièrement les résultats d’un système d’assurance très novateur qui met les agriculteurs à l’abri des risques financiers causés par les ravageurs, sans engendrer de dommage environnemental.

Des expériences en Italie

En Italie, un regroupement d’agriculteurs gère déjà, à l’échelle de deux des plus grandes régions agricoles, un fonds mutuel permettant un système de compensation des pertes. Proportionnelle aux ressources financières du fonds, la compensation couvre largement tous les risques qui ne sont jamais couverts par les assurances, ce qui inclut les dommages causés par les ravageurs, les animaux sauvages, y compris les catastrophes liées à la météo. « Les programmes d’assurance mutuelle pour les cultures ont été adaptés de manière à réduire lesrisques financiers pour les agriculteurs à cause des ravageurs, et ce, sans les coûts environnementaux liés à l’utilisation des insecticides », indique M. Bonmatin. « Et sur le plan du recouvrement des fonds, les primes d’assurance sont bien moins chères que les insecticides. De fait, les revenus nets des agriculteurs augmentent. C’est une stratégie gagnant-gagnant pour les agriculteurs et l’environnement. »

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