Une première Politique bioalimentaire du Québec qui soupoudre largement !

Le premier ministre Philippe Couillard et quatre ministres se sont déplacés à la Ferme Quinn de l’Ile Perrot vendredi pour annoncer une véritable macédoine de mesures qui donneront un élan à la première Politique bioalimentaire du Québec. « Ça prouve que c’est une politique globale », a lancé d’entrée de jeu le premier ministre. Tous, du producteur au consommateur, devraient y trouver un brin de satisfaction et de dollars pour mener à bien leurs ambitions.

Cette politique bioalimentaire est l’aboutissement de trois rencontres lancées par l’ex-ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, avec les consommateurs, les producteurs, les transformateurs  et d’un Sommet tenu en novembre dernier.

Nommée « Alimenter notre monde », elle prévoit investir 5 milliards de dollars sur cinq ans, pour mettre en œuvre quatre grandes orientations, sept principes et sept cibles et la création d’une Table annuelle de concertation des partenaires, qui sera présidée dès 2019 par le premier ministre et coordonnée par un Secrétariat permanent.

Le tout devra se réaliser avec 349 M$  d’argent neuf de la part du Québec, tel qu’annoncé lors du dernier budget de Carlos Leitao et pris à même d’autres sources que le MAPAQ qui lui, continuera à financer ses programmes en place. Les politiciens ont rappelé qu’ils s’attendent à de la flexibilité de la part du fédéral doit aussi faire sa part, à hauteur de 50%.  Et Philippe Couillard s’attend à un nouveau pacte avec le milieu municipal pour favoriser la mise en culture de nouvelles superficies.

« Nous devons refonder notre relation de partenariat entre les municipalités et le monde agricole », a-t-il insisté. Le premier ministre a ajouté, par la suite qu’« il faut lever le verrou, (…) permettre de déboiser (…)et transformer des terres en friche. On ne peut pas penser augmenter la superficie cultivée en restant dans une ambiance de non-développement »

Quatre grandes orientations

La première, l’offre de produits répondant aux besoins des consommateurs, décrite par la ministre Lucie Charlebois, ministre déléguée notamment de la Santé publique, est accompagnée de faibles mesures budgétaires pour la sensibilisation et l’éducation des consommateurs(4,5M$), les Appellations réservées et termes valorisants(4,9M$), les marchés institutionnels(5M$), l’appui à la qualité des aliments(3,5M$). Le développement des marchés extérieurs (15M$), la promotion des aliments d’ici (10,8M$) et leur inspection (10,2M$) recevront la principale part des investissements gouvernementaux.

La ministre Charlebois s’est dit préoccupée que « les Québécois obtiennent de l’information crédible sur la provenance de leurs aliments, et que les institutions publiques puisent se nourrir avec les aliments québécois en priorité.

Par contre, les consommateurs devront attendre pour obtenir une identification claire de la présence des OGM dans leurs aliments, le gouvernement n’étant pas disposé à étiqueter leur présence dans les denrées. Et un comité se penche toujours sur la manière de favoriser l’entrée des produits québécois dans les hôpitaux, écoles et centres de la petite enfance.

Investissement et innovation

La ministre Dominique Anglade a, quant à elle, énoncé les programmes d’investissements pour soutenir la transformation alimentaire(100M$), le secteur de la production en serre, l’aquaculture(5M$) et la mise à niveau des infrastructures en innovation et formation (81M$) pour, notamment les Instituts de technologie agricole (9,5M$). Des chantiers de travail entre son ministère, le MAPAQ, Investissement Québec et la Financière agricole du Québec seront lancés, pour aider davantage les petites entreprises.

Environnement et innovation

La troisième orientation touche la question plus sensible de la responsabilité environnementale des entreprises. La ministre Isabelle Melançon entend mettre en valeur la santé des sols (11,5M$), la croissance du secteur biologique (7M$), la biosécurité des élevages(1,3M$) et l’utilisation responsable des pesticides(14M$).La ministre de l’Environnement s’est montrée très enthousiaste face au travail effectué par le Pôle d’excellence en lutte intégrée et a tendu la main au président de l’UPA pour une collaboration dans les dossiers, dont celui des pesticides. « J’interpelle Marcel Groleau. Les agriculteurs sont de véritables partenaires. On peut compter sur vous. »

Les régions

Ovationné au moment de prendre la parole, le ministre Laurent Lessard s’est dit ému par la générosité des personnes qui l’ont accompagné dans la rédaction de cette Politique bioalimentaire. Il a rappelé les mesures budgétaires prévues pour la mise en valeur des territoires(16,5M$), la relève et les entreprises de petite taille (11,5M$), la création de laboratoires d’innovation dans les régions(8,8M$). Cependant, les secteurs du drainage et chaulage des terres (16M$) et la fiscalité foncière(20M$) récoltent les budgets les plus substantiels.

Mettre fin au moratoire

Soutenu par Philippe Couillard, le ministre de l’Agriculture a fait un plaidoyer pour mettre fin au moratoire sur l’expansion des superficies agricoles et il a dit souhaiter « ouvrir les paramètres sur l’environnement », notamment pour mettre en valeur les terres en friche.

Laurent Lessard entend déposer un projet de loi dans quelques semaines, afin d’officialiser la Politique bioalimentaire et lui assurer sa pérennité dans le temps, malgré les aléas politiques qui découleraient des élections générales du 1er octobre prochain.

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