La coopérative multinationale Agropur nie catégoriquement importer du lait diafiltré des États-Unis, quoiqu’en dise Martin Scott ou plusieurs autres producteurs laitiers convaincus que le Canada en laisse encore entrer à la frontière canado-américaine.
En réponse à notre demande de clarification, le vice-président principal, Affaires institutionnelles et communications, Dominique Benoit, a écrit qu’« Agropur a cessé d'importer ou d'utiliser du lait diafiltré importé en mai 2016 et n'a pas changé d'approche depuis ce temps ». Par la suite, il ajoute : « ma réponse est très claire. Mais pour fins de clarifications additionnelles, nous n'importons plus d'ingrédients laitiers et utilisons des ingrédients 100% canadiens. »
Les autres transformateurs, Saputo et Skodidakis n’ont pas répondu à une question identique de la part de La Vie agricole.
Cependant, une source bien renseignée indique qu’il existe encore, effectivement, des volumes d’importations de lait diafiltré aux frontières canado-américaines, bien que la création de la classe 7 ne rende plus cette pratique rentable pour les transformateurs. Ces importations serviraient à combler des ruptures d’approvisionnement occasionnelles dans les usines.
Par contre, il semblerait qu’Agropur utilise des ingrédients laitiers en provenance de ses usines américaines pour la fabrication de ses fromages. Cette pratique est permise par la Loi fédérale qui indique que selon le type de fromage confectionné, il doit obligatoirement contenir un minimum de 63% d’ingrédients laitiers canadiens, et que le reste peut venir d’ailleurs. En respectant cette règle, le produit peut être identifié comme un produit canadien.
Qui dit vrai ?
Martin Scott affirmait récemment à LVAtv.ca que lors de l’assemblée du 27 mars 2018 tenue à La Présentation en Montérégie, la conseillère coopératif d’Agropur, Marie-Claude Tessier, leur a présenté un graphique indiquant les achats en millions de dollars de lait diafiltré en 2017. Ces dépenses d’acquisition, pour tous les transformateurs, ont atteint un pic de près de 95 M$ en 2016, et seraient aujourd’hui retombées au niveau de 2013, soit autour de 32 M$. Ses propos auraient alors été corroborés par l’administrateur d’Agropur Jean-Pierre Lacombe, présent dans la salle.
Madame Tessier n’a pas retourné les appels répétés de La Vie agricole, afin qu’elle puisse expliquer ce graphique, ce qui aurait permis de comprendre le fond de l’affirmation.
« Il y a quelqu’un chez Agropur qui contrôle le message, c’est clair », en déduit Martin Scott.
Ce à quoi réplique la source de La Vie agricole : « ceux qui affirment qu’Agropur rentre du lait diafiltré sont déphasés d’au moins 12 mois. Il n’y a plus rien qui se fait comme ça depuis la conférence de presse qui annonçait que la coopérative ne le ferait plus. »