N’entre pas qui veut au Grand rassemblement «Tous ruraux» !

Il faut débourser 120,89$ par personne pour participer au Grand rassemblement TOUS RURAUX, organisé le mercredi 23 mai prochain par Solidarité rurale, devenu un organe de l’Union des Producteurs agricoles. Ce qui ne manque pas de soulever la colère de plusieurs petits producteurs.

Pour participer à cette journée animée par le conteur Fred Pellerin, il faut s’inscrire par l’intermédiaire du site américain Evenbrite qui prend 5,15$ en frais sur chaque achat de billet. La plateforme est devenue une référence en Occident pour faire connaître un évènement et peut être utilisée gratuitement par les organismes sans but lucratif.  Or, Solidarité rurale a décidé de vendre des billets. Questionné sur cette décision, le conseiller principal aux affaires publiques de l’UPA, Patrice Juneau, répond que « le prix d’entrée est pour couvrir une partie des coûts de l’événement. »

Requestionné, à savoir si ce coût d’entrée est pour couvrir les cachets de Fred Pellerin ou de Ricardo, M. Juneau n’a pas fourni plus d’explications. Dans son premier courriel, il a ajouté : « L’objectif du rassemblement est de constater l’évolution de notre ruralité depuis les États généraux du monde rural de 1991 et de prendre conscience de son interdépendance et de sa complémentarité avec les milieux urbains. »

Une fausse réalité de la ruralité

Ce qui a fait bondir le paysan, auteur et parrain de l’Institut Jean-Garon, Dominic Lamontagne, qui écrivait sur sa page Facebook un long texte de dénonciation de ce coût d’entrée et surtout de l’image qui sera véhiculée sur la réalité des ruraux : « À n'en pas douter, ils seront nombreux les conteuses et les conteurs venus de l'UPA, de l'UDA, et d'ailleurs, pour nous peindre le portrait imaginaire d'une solidarité rurale forte et unie autour de fermes familiales pétantes de santé. Et que nous raconteront-ils encore, ces opulents tenants du statu quo, dans la somptueuse Église Saint-Grégoire de Montmorency? »

Des producteurs laitiers, qui angoissent face à la énième baisse du prix du lait qui leur est payé en mai, sont scandalisés du faux portrait de la ruralité qui sera véhiculé auprès du milieu urbain. Le 23 mai, c’est par centaines qu’ils comptent plutôt se rendre à Longueuil pour faire entendre leur mécontentement aux administrateurs de la fédération des Producteurs de lait du Québec.

Et certains administrateurs régionaux ont reçu par courriel, au cours des dernières heures, un rappel de leur code de déontologie qui leur interdit de prendre des positions en désaccord de leur syndicat  et de le critiquer publiquement pour sa façon de travailler.

Un programme chargé de bons mots

La programmation du Grand rassemblement Tous ruraux prévoit donner la parole à des vedettes de la télévision tel Ricardo, à la présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Louise Chabot, au PDG de la Fédération des cégeps du Québec, Bernard Tremblay, à Renaud Sanscartier de la Coop Carbone, à Jacques Demers de la Fédération québécoise des municipalités et bien d’autres en provenance de la Coop fédérée et des Caisses Desjardins. 

Ce qui fait dire à Dominic Lamontagne : « Ceux qui tiennent bien serrés entre leurs mains avides les rennes de notre agriculture ont plus d'un tour dans leur sac pour distraire les gens et escamoter les véritables enjeux liés à la ruralité. La vérité est pourtant bien simple : au Québec, nous n'avons presque plus les moyens d'être ruraux et carrément plus les moyens d'y être agriculteur. Ni les moyens politiques, ni les moyens financiers. End of story. »

 

Crédit Photo: Maison des régions

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