Si j’étais Laurent Lessard je serais déçu de la politique que le ministère m’a livrée pour fins de publication.
Mes critères de départ auraient été les suivants : une politique moderne avec une reconnaissance de l’importance économique du bioalimentaire au Québec, des mesures incitatives pour créer du dynamisme et plus de concurrence dans cette industrie. J’aurais ajouté une étude comparative de nos forces et faiblesses pour l’avenir de ce secteur, un effort de toucher à nos problèmes structuraux et une évaluation d’experts étrangers sur notre secteur. Finalement, j’aurais ajouté un résumé de ce que les jeunes voient et souhaitent voir dans cette industrie et quelques recommandations osées, ambitieuses et futuristes capables de faire rêver et de créer de l’enthousiasme dans le milieu.
Imaginez, un plan tellement emballant qu’on aurait tous voulu participer à sa réalisation.
La politique bioalimentaire publiée récemment est considérée comme bonne, prévisible, satisfaisante pour un peu tout le monde. Elle est plus inclusive que par le passé. Elle comprend des facteurs tels que la nutrition, la santé, l’écologie et le bioalimentaire. La politique tient également compte des besoins des consommateurs. Elle reconnaît maintenant que c’est la plus importante industrie du Québec. On y a même promis des fonds additionnels futurs, mais Il faut comprendre que rien n’engagerait un autre gouvernement élu. A ce titre, elle peut être jugée prête à servir au bon peuple. Comme plan d’affaires, en oubliant qu’il y a peu de détails sur son exécution, je lui donnerais une note de passage. Comme politique à long terme, je la soumettrais à des examens de reprises.
INSERT : «Nous sommes bien loin de la « destruction créatrice » tant vantée par Jacques Attali, économiste de renom». – Pierre M.Nadeau
Je trouve qu’il Il y a quelque chose d’incestueux dans cette politique. Comme la plupart des intervenants provenaient de la même grande famille, il fallait s’y attendre. Dans ces forums, la plupart demandent le statu quo reformulé dans des habits tous neufs. Et le politique acquiesce. Nous sommes bien loin de la « destruction créatrice » tant vantée par Jacques Attali, économiste de renom.
Pronovost et ceux qui l’ont suivi nous ont habitués à passer rapidement des grands principes aux recommandations concrètes. On passait des nuages à l’atterrissage assez rapidement. La politique de 2018 semble nous renvoyer vers les nuages, mais nous laisse flotter un peu trop sans redescendre, car tout le concret et l’action restent à développer. De plus, la politique s’est assuré que les occasions de reprendre un vent ascendant ne manqueront pas.
Soyons réalistes, si j’étais Laurent Lessard ou son héritier, j’ignorerais les critiques d’une politique qui n’est pas parfaite et ne le sera jamais. J’encouragerais plutôt mon ministère à entreprendre ce qui est possible de réaliser à court terme et d’améliorer la politique avec ou sans l’opinion des critiques dans le plus grand intérêt des citoyens. Du moins, c’est mon souhait, car il est grand temps d’agir.