Le renouvellement de l’ALENA, demandé par Trump et accueilli favorablement par Justin Trudeau en 2016 a peu de chances de se conclure sans un autre effet négatif sur la gestion de l’offre. Le contraire me surprendrait. Je n’anticipe pas un changement radical, mais plutôt une autre forme d’érosion lente, comme une autre ouverture de notre marché aux Américains.
La gestion de l’offre pas dans la priorité du Canada
Le gouvernement fédéral a déjà indiqué publiquement que ses priorités sont sociales plutôt qu’économiques (normes de travail, environnement, égalité des sexes, les autochtones et une libre circulation des professionnels). Au mieux, même si les objectifs du Canada étaient économiques, la gestion de l’offre n’a jamais été dans sa liste des priorités.
On n’a qu’à penser aux « pinottes » offertes par Trudeau à l’industrie laitière suite à l’entente avec l’Union européenne en lieu et place des milliards promis par Harper. De plus, la forme d’aide proposée et l’allocation des contingents d’importation de fromage de l’Union européenne en grande quantité à des gros détaillants révélaient un manque de connaissance de l’industrie et un manque d’intérêt de ce gouvernement pour la gestion de l’offre.
Les déclarations récentes de Trudeau semblent indiquer que le Canada aurait déjà fait preuve de flexibilité sur la gestion de l’offre dans ses négociations sur l’ALENA. La flexibilité dont il est question ne peut aller que dans le sens d’un gain américain.
Des trous partout
On peut comparer l’érosion lente de la gestion de l’offre à une digue dans laquelle on perce de plus en plus de trous. La question est de savoir combien de trous faut-il avant que 50% de l’eau passe ou que la digue éclate. Après l’entente avec l’Europe, le gouvernement assurait la population que l’industrie pourrait se refaire en deux ans. Ce qui a donné lieu à des débats théoriques entre économistes sur le peu de temps nécessaire pour l’industrie de se refaire, plutôt qu’une recherche en profondeur sur les moyens de maintenir l’industrie en bonne santé. C’est normal quand on ne consulte que les multinationales principalement étrangères avant de prendre des décisions.
Le gouvernement semble ignorer qu’il y a d’autres types de trous qui affectent simultanément la digue de la gestion de l’offre. Il y a le lait diafiltré, la demande variable de la consommation canadienne en produits laitiers, le coût de production, le taux de change, le montant d’utilisation des classes spéciales qui a pour effet d’abaisser le prix moyen payé aux producteurs, etc.
Ce gouvernement qui accumule les dettes au-delà de toutes attentes devient de moins en moins capable de considérer des solutions conformes à l’OMC de type compensatoire ou stimulante pour maintenir l’agriculture et l’agroalimentaire en position de force au Canada. On ne fait qu’accumuler des trous dans la digue.