Cher futur ministre du MAPAQ, je m’improvise conseiller fantôme.

Considérant qu’en élections, personne n’a abordé quoi que ce soit de substantiel, dites-vous bien que vous avez le champ libre pour faire ce que vous voulez pour les prochains quatre ans. Profitez-en allègrement, mais de grâce, ne faites pas un autre document de réflexion.

En arrivant, vous allez recevoir des briefings officiels de vos fonctionnaires, soit, par les mêmes personnes qui ont « éduqué » vos prédécesseurs. Vous allez également  avoir plusieurs briefings non officiels de l’UPA, mais ce ne sera pas du même type. Ce sera des  réceptions, des évènements, des remises de prix, des activités caritatives, des visites de fermes, etc. Mais briefings vous recevrez, soyez-en certain. En peu de temps, on aura tôt fait de vous faire connaître tout  ce qu’on estime que vous devriez savoir. Vous aurez un sentiment du devoir accompli et la conviction que vous pouvez maintenant agir comme ministre en « connaissance » de cause. Bonne chance  à ceux qui passeront après pour essayer de vous montrer une autre réalité.

Si vous souhaitez simplement survivre politiquement, vivre en paix et conserver longtemps votre limousine, n’allez pas plus loin. Les tenants du statu quo  vous encenseront et vous assureront une longue vie politique.  On choisira (ou approuvera) vos hauts fonctionnaires, votre personnel de bureau et celui des agences dont vous êtes responsable. Vous serez alors, comme bien de vos prédécesseurs, ministre du MUPAQ et non pas du MAPAQ. Vous pourriez même déménager votre bureau dans les tours jumelles de l’UPA à Longueuil.

Si au contraire, vous cherchez à avoir du leadership et faire quelque chose pour le Québec et pour ses citoyens: développez une écoute attentive, voire agressive. Ne donnez pas le leadership au milieu et ne cherchez pas un centième consensus. Vous êtes le leader et vous êtes le consensus. Et bonne chance, ce ne sera pas facile. Toutes les personnes à qui vous parlerez auront une parcelle importante de vérité, une parcelle importante de leur propre réalité à vous transmettre. La question pour vous sera de trouver les moyens d’intégrer, nourrir et permettre à toutes ces réalités plurielles de s’épanouir dans un milieu qui lui bloque la route et qui craint le changement et l’innovation.

A cet égard, je vous conseille d’allez-vous asseoir seul dans l’antichambre de votre salle de réunion, en réalité, c’est la salle d’attente de vos visiteurs  et prenez le temps de regarder les photos au mur de tous les ministres de l’Agriculture qui vous ont précédés. Il y en a plusieurs.  Arrêtez-vous devant celle de Jean Garon et demandez-vous pourquoi il a été apprécié et s’il a fait beaucoup de courbettes pour y arriver. Avant de sortir, profitez-en pour faire un petit clin d’œil  à la photo d’Yvon Picotte, car il écrit encore aujourd’hui dans un journal mensuel indépendant  « non lié » qui traite de questions agroalimentaires sans les orientations ou filtres habituels du milieu. Un journal d’idées totalement indépendant est une denrée rare de nos jours. Considérez cette salle comme votre salle de réflexion et retournez-y seul souvent. Vous serez en bonne compagnie!

En terminant, deux autres conseils. Le plus grand et le plus fidèle allié du Canada nous a fait comprendre qu’on ne peut pas se fier à lui. Le pire, c’est qu’il est notre seul voisin de proximité. Nous devons, en compagnie de nos provinces voisines développer une stratégie qui vise à la fois une sorte d’indépendance alimentaire face aux États-Unis et un affranchissement graduel de notre pourcentage de vente chez eux. Ce changement pourrait devenir une grande réalisation d’avenir pour nous. Dans le même ordre d’idée, dès votre première année déplacez-vous pour échanger et voir ce qui se fait ou pourrait se faire avec les autres provinces, en Europe et surtout au Mexique. Finalement, allez au Wisconsin pour voir une agriculture nordique qui se débrouille.

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