Bientôt nous serons en famille, car Noël approche. Donc quelques chiffres avant, pour comprendre la situation des céréaliers français. Cette année nous allons importer environ 1 million de tonnes de maïs en France, à 90 % d’Ukraine. Quel impact ont ces importations sur le revenu des céréaliers français ?
Ce million de tonnes est acheté à 30€/t de moins que le prix du blé, cela représente donc déjà une économie nette directe de 30 M€ pour des sociétés d'import-export qui sont bien sûr nos organismes collecteurs. Ce montant aurait dû tomber dans la poche des paysans français.
La présence de maïs ukrainien en France ou dans les pays voisins comme l’Espagne ou les Pays-Bas est responsable du différentiel de prix que nous avons cette année entre le blé et le maïs. Ceci pèse sur l’ensemble de la collecte française de maïs, soit 10,4 Mt qui se retrouvent payés aux producteurs à 30 € de moins que prévu, soit une perte de 312 M€.
Côté blé, l’effet est non négligeable. Le million de tonnes de maïs importé par voie de substitution oblige à exporter sur le marché mondial 1 Mt de blé de plus. Mais le différentiel de prix entre blé et maïs pèse encore plus sur l’ensemble de la récolte de blé. On peut estimer ce préjudice à, au minimum, 10 €/t.
Pour une collecte française de 31,2 Mt de blé en 2018, cela fait à nouveau un manque à gagner de 312 M€ pour les céréaliers.
Nous obtenons donc un impact total s’élevant à 654 M€. Sachant que la sole française blé + maïs fait environ 6,5 M d’hectare, le préjudice est de 100 € par hectare, soit pour une exploitation de 100 ha, 10 000 € !
Il suffirait de remettre un peu d’ordre sur les marchés pour que notre métier redevienne rentable. Malheureusement l’égoïsme de certains acheteurs privés ou coopératifs ruine notre profession et les pouvoirs publics, devenus incompétents au vu de la complexité, s’en fiche éperdument.
Laurent Lheure – Président de la Coordination Rurale du Loiret (Opinion publiée sur sa page Facebook le 17 décembre 2018)