LE MAPAQ EST-IL TOUJOURS PERTINENT?

Dans la foulée du congédiement du fonctionnaire Louis Robert, congédiement que je ne commenterai pas, un autre fait a été mis en lumière : un seul représentant du ministère, sans droit de veto, siège au conseil d’administration du CEROM (Centre de recherches sur les grains), pourtant financé majoritairement par le MAPAQ.

Pour quelqu’un qui, comme moi, a travaillé plus de 30 ans au ministère, ce n’est pas une nouvelle en soi. Rappelons, pour la petite histoire, que pendant longtemps, le président du conseil d’administration de la Financière agricole était aussi le président de l’UPA, c’est tout dire. Cette dernière et l’entreprise privée agroalimentaire exercent un pouvoir énorme sur les ministres de l’Agriculture et, par le fait même, sur l’ensemble des fonctionnaires du MAPAQ. Tous ceux et toutes celles qui œuvrent dans des dossiers le moindrement stratégiques le savent. Ce contrôle est si bien enraciné que plus personne ne s’en offusque.

Certains ministres connaissent déjà les règles du jeu avant leur nomination, les autres comprennent rapidement que s’ils veulent conserver leur limousine, ils doivent rentrer dans le rang. Parfois, devant la grosseur de la couleuvre à avaler, certains ont eu un sursaut de courage. Ils sont alors rappelés à l’ordre par le bureau du premier ministre, rapidement mis au fait des agissements du récalcitrant. Ainsi, au fil des ans, le lobby agricole a su tirer sa force de la faiblesse des politiciens en face de lui. Il m’apparaît aujourd’hui évident que le ministère n’a plus la possibilité d’intervenir librement dans les domaines qui le concernent.

Compte tenu de cette situation,  pourquoi ne pas éclater la structure ministérielle en répartissant ses différentes fonctions dans des ministères déjà existants. Ainsi, l’environnement au ministère de l’Environnement et de la lutte aux changements climatiques, la santé animale et l’inspection des aliments au ministère de la Santé et des Services sociaux, la transformation alimentaire au ministère de l’Économie et de l’Innovation, etc.  Cette approche ne diminuerait en rien les services donnés aux producteurs et aux productrices puisqu’il ne s’agirait que d’un redéploiement de ressources humaines et financières. Par contre, il permettrait de ne plus faire supporter à un seul ministre les pressions exercées par les puissants lobbys agricoles.

Certains soutiendront qu’en cette période où l’alimentation est devenue un enjeu sociétal occupant une place de plus en plus grande dans nos vies, abolir le ministère serait une hérésie. Je ne le crois pas. Le mot « alimentation » dans le nom du ministère ne fait référence qu’à son mandat d’inspection des aliments. Mais peut-être le temps est-il venu de se demander si la création d’un ministère de l’Alimentation ne serait pas mieux adaptée aux besoins des consommateurs. Malheureusement, en général, les politiciens n’aiment pas trop brasser les structures ministérielles pour tenir compte de l’évolution et des tendances de leur époque. Quand ils le font, c’est souvent pour ajouter un ou des postes de ministres.

Ma proposition peut paraître excessive, farfelue même pour certains, mais je crois que le ver est dans la pomme depuis trop longtemps pour pouvoir l’extraire sans briser le fruit.

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