Les récentes informations concernant l'impact des pesticides en agriculture et le peu de place qui est faite aux petits agriculteurs paysans ont mis l'UPA sur la défensive.
Même si celle-ci évite le plus possible de répondre à ceux qui contestent le modèle agricole qu'elle défend, son président, Marcel Groleau, a quand même amorcé une contre-offensive dans différents médias sur deux fronts : les pesticides et les modèles de fermes.
Les pesticides
Pour témoigner de la bonne foi et bonne volonté des agriculteurs au chapitre des pesticides, l'UPA ramène ce qu'elle a nommé son Plan vert. Que dit ce Plan? Les producteurs de céréales et d'oléagineux voudraient bien diminuer et même éliminer l'utilisation des pesticides jugés toxiques, mais si on ne veut pas les réduire à la faillite, il faut leur fournir des produits moins dangereux et il faut les compenser pour les pertes et les frais supplémentaires qu'ils vont encourir. Et ces produits alternatifs, il faut financer la recherche qui les mettra au point. Au total, des sommes estimées à 100 millions par année.
Ce qui est trompeur dans cette proposition, c'est que nulle part l'UPA ne parle de modifier les pratiques culturales actuelles. Or l'utilisation massive des pesticides est indissociable du modèle de production actuel qui consiste en des monocultures et monoélevages intensifs, des pulvérisations avant semis et avant récolte, l'enrobage des semences, le drainage souterrain, toutes des pratiques qui détruisent les écosystèmes et les mécanismes naturels qui permettent de maintenir naturellement les sols et des plantes en santé. Les pesticides sont des substituts à la vie naturelle des sols et des plantes. C'est ce dont parlait Louis Robert.
Au MAPAQ et à l'Ordre des agronomes de prendre leurs responsabilités, dit M. Groleau, mais chaque fois qu'ils ont voulu le faire, vous vous êtes opposés, vos céréaliers en tous cas.
En d'autres mots, l'UPA demande 100 millions par année pour pouvoir continuer à détruire les sols, empoisonner les aliments protéinés et contaminer les cours d'eau et les sols.
Grandes et petites fermes : un faux débat?
Quant aux fermes dites industrielles et paysannes, l'UPA manipule les statistiques pour minimiser les différences de pratiques et de traitement entre les deux. Voyons plutôt :
« Au Québec, écrit Marcel Groleau dans La Terre de chez nous, on ne peut pas parler d'agriculture industrielle. Nos plus grandes fermes sont minuscules si on les compare aux mégafermes américaines ». Un vieux refrain de l'UPA.
Mais, M. Groleau, les pratiques, comme les monocultures et l'intégration, sont les mêmes; 15% des fermes qui font plus de un million de revenus bruts totalisent 75% de la production et des revenus agricoles, et ils sont généralement concentrés dans les régions centrales du Québec.
Monsieur Groleau continue : sur 28 000 fermes au Québec, 1049 (3.6%) sont certifiées biologiques et
5 500 (19%) font de la vente en circuits courts, dont 300 selon la formule des fermiers de famille, et cela, sur tout le territoire du Québec.
Mais, M. Groleau, de ces producteurs bio ou paysans, 1 700 (33%) sont des acériculteurs; la plupart sont des petits producteurs de légumes et de fruits, ou des éleveurs pour qui ces ventes à la ferme sont marginales. Tous ensemble, même en gonflant les statistiques, ils ne représentent guère plus de 5% de la production, et ils tirent tous le diable par la queue. La grande fraternité des agriculteurs partout sur le territoire dont vous parlez n'existe pas et l'UPA impose le même moule et la même cotisation à tous.
Vous demandez au gouvernement, dites-vous, M. Groleau, d'investir davantage, mais vous savez très bien que l'essentiel de l'argent versé par les gouvernements aux agriculteurs va aux investissements dans les grosses fermes, dans les Offices de (gros) producteurs, dans la stabilisation des revenus (ASRA) à laquelle les petits n'ont pas accès contrairement aux gros intégrateurs, dans des programmes conçus sur mesure pour les producteurs conventionnels.
Je regrette, mais ce discours est tout simplement trompeur, manipulateur, hypocrite, et ne défend que le statu quo, que votre pouvoir et votre caisse.