Devant les délégués des Producteurs de lait du Québec (PLQ) réunis hier à Québec en assemblée générale annuelle (AGA), le président, Bruno Letendre, a dressé le bilan de la dernière année, fortement marquée par la conclusion de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), puis présenté les perspectives pour l’industrie laitière de 2019 dans le cadre de son allocution. « Malgré tout l’appui de la population, le consensus de la classe politique québécoise et canadienne et la démonstration évidente de la pertinence de la gestion de l’offre, c’est un troisième accord sur le dos des producteurs laitiers qui a été conclu en octobre dernier » a déclaré M. Letendre.
L’ACEUM s’ajoute à l’Accord économique et global (AECG) et au Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) au nombre des accords conclus en défaveur des producteurs de lait canadiens selon PLQ. «C’est donc 8,4 % du marché qui a été cédé, tout en limitant la capacité des producteurs canadiens d’exporter la poudre de lait.» selon le communiqué de PLQ qui rappelle qu’une enveloppe nette de 2,15 milliards de dollars a été annoncée dans le budget fédéral de mars dernier afin d’indemniser les producteurs sous gestion de l’offre pour les pertes découlant de l’AECG avec l’Europe et du Partenariat transpacifique.
Des impacts négatifs malgré la «meilleure équipe»
« Nous tenons le gouvernement canadien entièrement responsable de tous les impacts négatifs découlant de ces accords. L’enveloppe annoncée dans le budget est un pas dans la bonne direction pour nous rassurer. Maintenant, il doit livrer la marchandise. Nous n’avons pas encore de détails sur les modalités de paiement. Le gouvernement doit travailler avec nous pour les définir. Nos demandes sont claires : les sommes doivent être accessibles à tous les producteurs, versées rapidement et sans des tonnes des paperasses. Les modalités doivent être réglées avant les élections fédérales. » a ajouté M. Letendre, qui déclarait il y a quelques mois devant la caméra de LVATV à propos de la négociation : « On a la meilleure équipe»
« Malgré les concessions, la gestion de l’offre reste en place, ce qui nous laisse une lueur d’optimisme. Sur le front des négociations commerciales, nous avons donné et le gouvernement doit nous laisser rebâtir dans un environnement stable à l’avenir. Il ne faudra pas cesser d’être vigilants envers le gouvernement et constamment lui rappeler ses engagements. » a précisé Bruno Letendre, ajoutant que même si le premier ministre Trudeau a promis que les prochaines ententes négociées par le Canada n’auraient aucun impact sur les producteurs de lait, il faudra des gestes concrets pour regagner la confiance des producteurs de lait.
Émergence de nouveaux consommateurs : faudra se tourner vers le produit local!
Après avoir insisté sur l’importance de demeurer vigilant face aux changements dans l’environnement politique et économique, Bruno Letendre a affiché avec conviction l’analyse des PLQ sur les nouvelles clientèles émergentes ainsi que la vision des producteurs pour répondre aux attentes du marché :
« C’est un phénomène qui s’observe : l’arrivée massive des consommateurs de la génération des millénariaux. Leurs attentes sont claires : produit local, frais, goûteux, naturel et sans additifs artificiels obtenu dans le respect de l’environnement et du bien-être des animaux. Nos pratiques et nos produits répondent à ces attentes depuis longtemps. Nous n’offrons pas seulement un produit naturel, de bon goût et aux propriétés nutritives reconnues, nous avons également fait la démonstration de notre engagement envers le bien-être animal et l’environnement. » a résumé le président des Producteurs de lait du Québec.
En effet, la mise à jour de l’analyse du cycle de vie du lait (ACV) démontre qu’entre 2011 et 2016, la production laitière au Québec a diminué son impact environnemental en abaissant son empreinte carbone de 8,7 %, son utilisation d’eau de 12,5 % et son utilisation des terres de 16,2 %. De plus, le déploiement du programme proAction formalise toute la dimension du bien-être animal en vigueur dans l’industrie.
« Nous avons plusieurs raisons de voir l’avenir positivement. La vague de sympathie qui a suivi la conclusion de l’ACEUM est une preuve éloquente de la confiance des consommateurs. Nous méritons cette confiance, mais il faut maintenir tous nos efforts pour la conserver. Nous sommes fiers d’avoir une production qui répond aux attentes de la génération émergente de consommateurs, il faudra continuer d’en faire la démonstration. » a conclu Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec.