L’annonce de Montréal de bannir l’herbicide Round-Up de son territoire est quelque peu surprenante. À quelques jours des travaux de la commission sur les pesticides ce geste, bien que spectaculaire, semble assez irréfléchi et montre le peu de sérieux que Montréal porte aux dossiers des pesticides. Au lieu d’annonce fracassante, Montréal aurait pu prêcher par l’exemple et nous faire voir les efforts (un rapport est prévu dans ses règlements) de réduction d’herbicide par ses propres services. Elle aurait donc du nous présenter aussi un portrait de l’utilisation des herbicides et pesticides sur son territoire et ses objectifs de réduction.
Cette sortie de Montréal est de plus très surprenante, car la ville nous a habitués à avoir des plans d’action très structurés en ce qui concerne l’aménagement et le développement. Pourtant, il existe un plan. Montréal a adopté le 26 avril 2004 le Règlement sur l’utilisation des pesticides (Règlement 04-041, Annexe I). Elle répondait ainsi à une volonté publique exprimée lors du Sommet de Montréal.
Toute activité agricole doit respecter les préceptes du Règlement sur l’utilisation des pesticides qui est appliqué par les arrondissements. La première règle stipule que « l’utilisation et l’application de pesticides sont interdites à l’extérieur des bâtiments. » (Article 3). Malgré cette interdiction, certains produits jugés peu toxiques pour la santé humaine et l’environnement, également nommés pesticides à faible impact, sont autorisés en tout temps. (Article 4, alinéa 1er, par. 1).
Le personnel politique montréalais connait-il ses propres règlements ?
Alors pourquoi cette sortie contre le Round Up qui ne fait pas partie de la liste des pesticides à faible impact ? Certaines exceptions existent dans le règlement notamment pour l’agriculture et pour la ville à travers son « service pour la vie » (quel beau nom). Cependant l’utilisation des pesticides par la ville doit être documentée et suivre un plan de réduction. Il aurait donc été très intéressant d’avoir un bilan sur l’utilisation des herbicides par la ville. On aurait peut-être mieux compris le bannissement du Round UP.
Cette annonce ressemble à de la récupération politique face à un enjeu populaire. À moins que le personnel politique montréalais ne connaisse pas ses propres règlements, et que l’on parle sans faire la moindre vérification.
À une autre époque, on appelait cela : l’inquisition !
Ceci illustre malheureusement bien le débat actuel sur les pesticides, beaucoup de n’importe quoi. On est contre, on crucifie l’agriculture, les producteurs et les professionnels au nom de la vertu. À une autre époque, on appelait cela; l’inquisition. La réalité est que beaucoup d’efforts sont mis actuellement dans l’agriculture durable, même à Montréal. Malheureusement, des déclarations militantes comme vient de faire l’administration Plante à Montréal viennent entretenir un cirque médiatique.
Il est à espérer que la commission sur les pesticides ramènera le débat loin de ce cirque et des déclarations fracassantes que l’on voit et entend de plus en plus. Que cela amènera des recommandations qui seront moins flamboyantes, mais qui aideront le développement durable de notre agriculture et que cela diminuera le cynisme que l’on a face à la politique.