La loi de la protection du territoire et des activités agricoles a encore toute sa place après plus de 40 ans. Le 12 novembre dernier, l’institut Jean-Garon organisait un débat sur Loi de la protection du territoire et des activités agricoles. Ce débat faisait suite à une série d’entrevues de l’institut avec différentes personnalités du monde agricole et municipal. Chose remarquable personne ne remet en cause le bien-fondé de cette loi, tous reconnaissent encore son utilité et sa nécessité 40 ans après.
Le territoire agricole protégé n’est pas nécessairement mis en valeur partout, il existe de grandes superficies qui une fois mises en valeur, représenteraient un développement économique majeur : la loi est d’ailleurs un excellent cadre légal pour cela, quelques projets pilotes impliquant le MAPAQ, le monde rural et municipal vont d’ailleurs dans ce sens.
Deux projets ont retenu l’attention de l’institut : ces deux projets démontrent clairement le potentiel encore inexploité de nos ressources agricoles. Ces projets montrent autant dans le milieu périurbain que rural que c’est bien beau de protéger, mais il faut développer ce milieu.
Le premier projet est celui du plan d’aménagement du territoire de la communauté métropolitaine de Montréal, notamment son territoire agricole. Ce plan amène des solutions et des objectifs de développement de la zone agricole urbaine et périurbaine. L’autre projet, en milieu rural, est le projet de la MRC de l’érable dans la région de Princeville, où les autorités locales ont décidé de se prendre en main afin de redynamiser leur territoire agricole.
Deux projets, deux réalités, un même objectif : la protection et le développement du territoire agricole. Le potentiel économique est colossal, prenons le cas de la communauté métropolitaine de Montréal, son plan d’aménagement touche plus de 200,000 hectares de terres, soit près de 10 % des terres cultivées du Québec. La proximité du marché ainsi que la qualité des terres permettraient des activités agricoles plus lucratives que la culture du maïs ou d’autres productions de commodité. La banque de terre est immense et très propice au développement de petites agricultures de proximité à haute valeur ajoutée. La loi met le cadre légal de ce développement, cependant la mise en action dépend fortement de l’implication des différents paliers gouvernementaux. La communauté urbaine de Montréal et le MAPAQ semblent l’avoir bien compris par ce plan d’aménagement, bien mené.
Parions que ce plan pourrait devenir un moteur économique assez important. 200,000 hectares ce sont potentiellement des milliers de fermes avec autant d’ateliers de transformation et de revalorisation des produits, un beau rêve, mais à portée de main si l’on y met les efforts et la planification.
Même chose du côté rural, des projets comme celui de la MRC de l’Érable démontrent le dynamisme que des régions peuvent avoir pour développer leur coin de pays : encore là l’impact est majeur, et pour plusieurs municipalités le développement du territoire agricole c’est une question de survie. Il faut ramener des gens et des entrepreneurs dans les rangs. La loi en protégeant le territoire et les activités agricoles est un excellent cadre : reste la volonté des différents paliers gouvernementaux.
Tout cela est bien beau, mais tous ne sont pas convaincus que l’agriculture est un moteur de développement économique, même le gouvernement semble parfois l’oublier.
On n’a qu’à penser au dossier de l’implantation de Google sur des terres agricoles de Beauharnois, sans consultation ni autorisation du plan d’aménagement de la communauté métropolitaine de Montréal. Hydro-Québec, l’État dans l’État, est plus intéressée par un centre de données que par du développement agricole, pourtant l’agriculture c’est un gros client d’Hydro, mais moins glamour!