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L’UPA à la manœuvre ?

Vous avez sûrement entendu le président de l’UPA, Marcel Groleau, s’épanchait sur son amour soudain pour l’agriculture de proximité, ou André Lamontagne dire tout le bien qu’il pense de la nouvelle agriculture sur quelques tribunes avec des vedettes de ce secteur en émergence. Vous avez peut-être aussi entendu la demande de moratoire, de Claude Fortin, un maraicher du bas du fleuve qui veut que le gouvernement empêche l’UPA de poursuivre les petits producteurs qui refusent de payer leurs cotisations syndicales bien que ce soit obligatoire par la Loi. Mais vous ne savez peut-être pas encore que l’UPA travaille de son côté la possibilité de moduler le paiement de la cotisation en fonction de la grosseur de l’entreprise.

Marcel Groleau, président de l’UPA, dans une lettre envoyée à ses membres en février écrivait : «Je vous rappelle qu’une personne morale (compagnie), une société, une association, une fiducie et les producteurs indivisaires dont les ventes brutes annuelles sont inférieures à 25 000 $ peuvent ne payer qu’une seule cotisation. N’hésitez pas à vérifier. Nous tentons actuellement d’obtenir une modification à la Loi sur les producteurs agricoles pour que la cotisation soit modulée en fonction des revenus des entreprises et non plus selon leur structure juridique».

Il semble pourtant, selon Michel Saint-Pierre, coprésident de l’Institut Jean-Garon et ancien sous-ministre au MAPAQ (voir la QUOTIDIENNE avec Claude Fortin) que si le ministre veut aider les petites exploitations oeuvrant en agriculture de proximité, il suffirait d’un décret qui permettrait de monter le plafond de 5000 $ (en dessous duquel on peut ne pas exiger la cotisation d’un producteur)  à un montant plus réaliste à la situation de 2021 : 25 000 ou 30 000 dollars par exemple!

Alors pourquoi une chose qui peut se régler simplement devrait-elle passer par une modification de la Loi ? Parce que l’objectif n’est pas tout à fait le même. L’UPA ne veut pas suspendre la cotisation des petits producteurs mais mettre en place un système de paiement en fonction des revenus des entreprises.

Si on touche à la loi de 1972 sur le syndicalisme agricole au Québec, au moins que ce soit pour donner de l’air et faire place au pluralisme diront certains, «pas pour puiser dans nos poches» mais il est évident que le pluralisme ce n’est pas le mandat que le premier ministre du Québec a donné au ministre Lamontagne !

Alors, pourquoi ne pas faire simple et solutionner la problématique vécue par les petites fermes par décret ?

Si le ministre veut aider les petits, un décret, ça ne prend pas la tête à Papineau ! Juste un conseil des ministres et quelques bricoles administratives, mais alors pourquoi pas ça ?

Serait-il possible que l’UPA dans son souhait de modification de la loi et dans sa volonté de moduler la cotisation syndicale veuille plus d’argent dans ses coffres, mais surtout un accès aux livres des exploitations agricoles ?

Parce que pour faire payer un producteur en fonction de ses revenus il faudra bien avoir accès à ses revenus !

Un gouvernement caquiste élu sur le principe du «moins de paperasse» et pro- entrepreneuriat ne devrait-il pas au contraire tout faire pour  éviter l’intrusion d’un syndicat dans la comptabilité des exploitations agricoles ?

Si l’objectif de l’UPA est atteint, ce serait une réforme fiscale inédite. L’UPA ne ferait-il pas coup double se disent certains producteurs: «Bonne figure en disant prendre soin de la petite agriculture et un grand pas dans le renforcement du monopole en ayant accès à de l’information financière privilégiée !»

 

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