«Le temps des framboises», une télésérie présentée dès demain sur Club illico tournée comme un film par Philippe Falardeau qui a brillé dans le passé pour ses réalisations de ‘’Congorama’’ ou ‘’Monsieur Lazhar’’ est un véritable bijou d’humanisme.
Cette télésérie scénarisée par Florence Longpré et Suzie Bouchard porte sur notre problème de communication entre nous. « La lente chute des murs invisibles des gens qui vivent ensemble mais qui ne se sont jamais écoutés», précise Philippe Falardeau en rencontre de presse à la Cinémathèque de Montréal où La Vie agricole était ce matin à la suite de la diffusion en primeur de la série « Le temps des framboises».
Cette télésérie léchée comme un film pour le cinéma porte sur la vie rurale, la vie agricole autour d’une famille composée d’anglophones et de francophones, dans laquelle évoluent un enfant atteint de surdité et en parallèle des travailleurs étrangers temporaires hispanophones.
«Les temps des framboises» est ni plus ni moins un film ( appelons-le comme cela même s’il s’agit de 10 épisodes destinés à la télévision) qui met en lumière des réalités avec beaucoup d’humanisme.
Ils sont à côté de nous et on ne les voit pas!
Quand nous avons demandé à Philippe Falardeau pourquoi avoir fait un film dans lequel les travailleurs étrangers temporaires ont une telle place, il nous a répondu : « Tout a commencé lorsque j’ai tourné mon film Congorama en 2005 et que j’ai vu au détour d’un champ des bus jaunes remplis de travailleurs étrangers temporaires. Je me suis dit, ils sont à côté de nous et on ne les voit pas!».
«Et ils portent notre industrie agricole», de préciser la scénariste Florence Longpré. Elle rappelle que certains travailleurs étrangers lui ont confié «se sentir étrangers ici et étrangers dans leur propre pays, tellement ils sont ici ».
Elle ajoute que pour réaliser la télésérie, il a fallu enquêter et gagner la confiance des travailleurs étrangers temporaires et des familles agricoles. Cette démarche est similaire en quelque sorte à celle de RUN DE LAIT ou à celle du film «Ouistreham» avec Juliette Binoche sur le personnel de ménage. Il était important pour les créateurs de montrer la réalité du monde ordinaire à travers la fiction.
Dans «Le temps des framboises», de nombreux thèmes sont abordés dont la mort, la relève agricole, la vie de travailleurs étrangers temporaires, les relations parents/enfants, les relations entre adolescents.
Rire et pleurer en même temps
À travers la fiction on rit et on pleure et souvent dans une même scène et c’est là que l’on ressent toute l’humanité dans cette réalisation.
Pour Philippe Falardeau lorsqu’il nous parle de John le personnage à la tête de l’exploitation agricole de la famille dans son film, il nous explique que s’il s’est ‘’laissé mourir’’ (ce qu’on apprend dans le premier épisode), c’est peut-être une analogie «aux campagnes qui se meurent».
«Le temps des framboises» prend aux tripes et transcrit une réalité québécoise rarement projetée à l’écran.
Dans l’esprit de «Six pieds sous terre»!
Cette télésérie tournée comme un film rappelle la série culte ‘’ Six pieds sous terre’’ que ce soit par sa plongée dans un univers familial étrange ou par le traitement de tous les sujets avec humour et drame en même temps et toujours à la limite du cynisme. «Le temps des framboises» est un véritable chef-d’œuvre !
Dans la distribution quelques nouveaux talents sont à découvrir, mais l’œuvre est tenue aussi par des comédiennes à la carrière établie comme Micheline Lanctôt ou Sandrine Bisson qui ont des rôles centraux. Il reste que de véritables pépites sont à découvrir notamment parmi les comédiens qui jouent les rôles de travailleurs étrangers temporaires dont un (Hugo Leonel Rucuch Lopez) a déjà été dans ce rôle dans la vraie vie pendant sept ans.