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Nourrir le monde

La sécurité alimentaire mondiale va devenir un enjeu de plus en plus important dans la vie de tous les jours de milliards d’habitants, probablement de tous. Cela risque d’être malheureux, voire désastreux pour certains pays. Cette situation risque de créer des inégalités entre pays et aussi à l’intérieur de certains pays. L’Histoire nous a démontré plusieurs fois que les crises liées à la sécurité alimentaire sont souvent le prélude à des changements majeurs dans nos sociétés : révolte, guerre, etc… Depuis des années la sécurité alimentaire mondiale s’est affaiblie à cause de diverses raisons, amenant celle-ci à des points de rupture un peu partout sur la planète, entrainant au mieux de l’inflation et au pire des révoltes.

La sécurité alimentaire c’est aussi une histoire d’inégalité, pour certains cela sera de voir l’augmentation du prix de son T-Bone préféré, avec comme conséquence d’en manger de façon plus raisonnable. Pour d’autre cela signifie de ne pas manger tout cours, et la conséquence c’est la famine. Bien entendu ce sont deux cas extrêmes, la réalité se situe quelque part entre les deux, pour les pays pauvres plus vers le pire, pour les pays riches plus vers le moins pire.

Les causes sont variées, surprenantes dans certains cas, et dans bien des cas résultant de décisions humaines. Tout d’abord la demande de produit alimentaire augmente : en 2013 la population mondiale était de 7,125,000,000 personnes en 2022, 7,953,000,000, et de 9,800,000 en 2050. Si l’on veut préserver l’environnement pour les autres espèces vivantes il va falloir produire plus dans le même espace, et si l’on tient compte de la dégradation de notre environnement actuel il va falloir faire plus avec moins.

Faiblesses dans la logistique mondiale

Du côté de l’offre, il y a plusieurs embuches, plusieurs grandes régions du monde sont touchées par des sécheresses récurrentes et l’irrigation est de plus en plus difficile. La pandémie a révélé des faiblesses dans la logistique mondiale, espérons qu’elles ne sont que passagères. La guerre en Ukraine affecte deux grands producteurs mondiaux de produits alimentaires, qui ont de la difficulté à écouler leur récolte 2021 et qui risquent pour l’Ukraine de voir la production de 2022 grandement amputée si le conflit ne se règle pas dans l’immédiat. Et avec la destruction des infrastructures il est fort probable que l’on s’en ressentira pour quelques années. Tout ce contexte affecte déjà les populations avec une inflation galopante dans les produits agricoles. Des pays adoptent des mesures extrêmes afin de protéger leur sécurité alimentaire. L’Indonésie, premier producteur et exportateur mondial d’huile palme, a décidé le 27 avril dernier de suspendre ses exportations d’huile afin de contrôler une inflation de 70% des prix de l’huile sur son marché intérieur. Cette inflation rendait inaccessible l’huile à la population locale, et l’huile est un élément essentiel de la cuisson des aliments en Indonésie.

Suspension des exportations du blé en Inde et effets domino

Cette suspension a accentué la pénurie ailleurs dans le monde, augmentant le risque d’un effet domino. L’Inde, deuxième producteur mondial de blé, afin de protéger son marché intérieur, a empêché ses exportations de blé le 14 mai. Ceci a créé le chaos sur les marchés mondiaux, près de 400,000 tonnes de blé destinées à l’export se sont trouvées bloquées sur les ports indiens. Ceci nous donne un avant-goût des conséquences de la faiblesse de l’offre.

Sri Lanka : bannissement des pesticides et revirement suite à la crise alimentaire

Autre élément à considérer dans ce contexte d’offre, la pression de plus en plus grande que les gouvernements ont de leur population de réduire les pesticides. L’empressement peut avoir des conséquences désastreuses, l’exemple du Sri Lanka est éloquent. En avril 2021 le gouvernement du Sri Lanka, avec une opinion publique favorable, décide de passer à une agriculture 100% bio et a banni tous les pesticides. Moins d’un an plus tard, le pays est plongé dans une crise alimentaire majeure avec une baisse estimée de la production de 40%.  Le pays doit faire marche arrière sous la pression de tous, notamment des agriculteurs qui demandent plus de formation et des délais pour la transition.

Ne rien faire, sous prétexte de la nécessité à produire plus, n’est pas plus acceptable. Beaucoup de scientifiques nous disent que si l’on continue à produire comme on le fait actuellement l’on se dirige vers un épuisement de nos ressources. Il faut dont accélérer notre développement de pratique durable, particulièrement au Québec et au Canada, car cela nous permettra non seulement d’assurer notre sécurité alimentaire à long terme, mais aussi celle d’autres personnes sur notre planète. Cela va prendre des politiques agricoles et des investissements agressifs afin de continuer à produire beaucoup, mais mieux.

 

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