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«L’agriculture ne doit pas être perçue comme petite», dit le producteur Sylvain Simard

La Vie agricole donne la parole aux producteurs régulièrement. Aujourd’hui nous vous rapportons notre échange avec un producteur de Roberval, Sylvain Simard. Le hasard faisant parfois bien les choses, il s’est retrouvé récemment dans le même lieu que le président de La Vie agricole, Guy Duval, et a exprimé le souhait de parler à l’éditeur de La Vie agricole : c’est chose faite et une chose est sûre, la parole des producteurs est primordiale pour nous.

Une véritable vision de terrain.

Sylvain est producteur laitier et producteur de grandes cultures. Il a un cheptel de 40 vaches en lactation. Il a 1150 acres en propriété et 750 acres loués ou à forfait. Il a commencé à 19 ans et en a 40. Une belle expérience qui peut servir de modèle pour la relève. Pour lui, en agriculture il est convaincu qu’il faut être multidisciplinaire et qu’on ne le dit pas assez aux jeunes.

« Avec les marchés de niche, on est à côté de la track. Ça prend du volume. Aujourd’hui les gens vont chez Maxi, ils n’ont plus d’argent. Dans le contexte économique inflationniste, il n’y a que 10 % de la population qui peut réellement se permettre d’acheter dans les épiceries fines. Le petit modèle tel qu’on nous le présente ne tient pas la route, la preuve les laiteries de proximité ferment en ce moment», dit-il. Il veut que les décideurs comprennent que le modèle agricole efficace est ailleurs dans la production de taille moyenne.

Donner la vraie recette à la relève et promouvoir la valeur travail!

« Moi pour réussir en plus de mes 40 vaches, je fais de la grande culture et du déneigement l’hiver. Il faut dire à la relève que la vraie recette c’est d’accepter des horaires variables. Il n’y a pas nécessairement de qualité de vie quand tu commences. Quand la relève est orientée sur la qualité de vie, on ne leur dit pas la vérité. Il faut que la relève soit orientée sur des agricultures durables sur le plan environnemental, mais aussi durable sur le plan financier. Ça prend des revenus pour faire tourner une ferme et en dessous de 1,5 million de dollars de chiffre d’affaires ce n’est pas réaliste d’où l’importance de savoir se diversifier. Et n’oublions pas de rappeler qu’il faut être concurrentiel, robotisé et mécanisé.»

Sylvain Simard aimerait que les valeurs ‘’travail’’ et ‘’affaires’’ soient plus mises de l’avant lorsqu’on parle d’agriculture.

Au même titre qu’on se dit fier des PME du Québec qui sont gérées par des entrepreneurs qui s’adaptent aux nouveautés technologiques, Sylvain Simard aimerait bien qu’on en dise tout autant des exploitations agricoles du Québec qui sont elles aussi menées par des leaders efficaces et soucieux d’une réussite économique.

Ça prend du volume

« Le contexte mondial fait en sorte que ce n’est pas en pensant petit qu’on va nourrir le monde. Ça prend du volume et des sources de revenus variées», conclut-il.

Quant au système de gestion de l’offre, il est pour Sylvain Simard important de le maintenir, car il a traversé le temps et a prouvé son efficacité nous confie-t-il. S’il est vrai qu’il vise à agrandir son troupeau laitier jusqu’à 80 vaches, il est conscient qu’il devra toutefois poursuivre son aspect multidisciplinaire sur son exploitation, car à ses yeux vivre juste du lait aujourd’hui ça prend au moins 200 kilos de quotas.

Un tel témoignage sur le vif nous permet de prendre le pouls de la réalité d’un producteur type du monde agricole actuel.

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