En novembre 2022, le Canada a lancé sa Stratégie pour l’Indo-Paicifique. Le premier des cinq objectifs de cette stratégie consiste «à promouvoir la paix, la résilience et la sécurité et le deuxième, à accroître les échanges commerciaux et les investissements et à renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement». Une manière peut-être aussi de ne pas tout miser sur la Chine dans un contexte géopolitique en mouvance?
Le commerce mondial est ébranlé ces derniers temps et le Canada est en quête de nouveaux marchés en croissance pour ses exportations agricoles et agroalimentaires. Composée de 40 pays, la région indo-pacifique sous-exploitée en termes d’exportation est du coup d’intérêt pour les échanges commerciaux du Canada. La Chine reste un partenaire majeur mais il se pourrait que le Canada ne veuille pas en devenir totalement dépendant.
L’avenir passera par l’Inde
Englobant plus d’un tiers de toute l’activité économique mondiale, l’Inde est déjà une superpuissance économique, et l’on s’attend à ce qu’elle représente plus de la moitié de l’économie mondiale d’ici 2040 : non seulement plus de la moitié de l’économie mondiale se jouera là mais les deux tiers de la population mondiale cataloguée dans la classe moyenne y habiteront d’ici 2030. L’Inde deviendra le pays le plus peuplé en 2030 et elle est considérée comme la plus grande démocratie au monde. De plus une personne sur cinq ayant récemment immigré au Canada est née en Inde. Les exportations canadiennes en Inde représente 450 millions de dollars dont 8 % était du blé.
On ne peut pas négliger la Chine, notamment pour le blé
Que ce soit le blé, l’huile de canola, le pain, les crustacés, les légumineuses sèches, le porc, le bœuf frais, les fèves de soya ou le chocolat, l’exportation va bon train pour le Canada. Les États-Unis restent notre plus grand marché d’exportation pour nombre de ces produits mais la Chine est le marché qui a reçu la plus grande part des exportations de blé, de graines de canola, de légumineuses sèches et de fèves de soya de spécifier Financement Agricole Canada dans un récent communiqué.
Le blé reste le champion des exportations vers la Chine en 2022. Ce pays est, de loin, notre plus importante destination d’exportation dans la région d’Asie, puisque la valeur totale des exportations agricoles et agroalimentaires s’y est élevée à 9,4 milliards de dollars en 2022. La valeur des exportations de blé, notre deuxième produit le plus exporté en Chine en 2022, est passée de 200 millions de dollars à plus de 1,1 milliard de dollars entre 2017 et 2022.
Le Canada un pays d’intérêt politique pour la Chine
Si la Chine comme on vient de le voir reste un partenaire majeur dans le cadre des exportations canadiennes en Asie, il ne faut pas négliger que dans le contexte géopolitique actuel et face à la guerre entre la Chine et les États-Unis qui se dessine de plus en plus, que le Canada risque de devenir un pays central d’intérêt politique pour la Chine qui tentera tout pour l’affaiblir le sachant partenaire privilégié des États-Unis. Les relations commerciales du Canada pourraient bien se retrouver au cœurs des enjeux de la guerre sino-américaine. L’actualité récente ne semble pas contredire ce point de vue!
Le Japon, une exception qu’il faut continuer de séduire.
Le Japon est le seul autre pays membre du G7 dans la région de l’Asie et aussi l’un des plus importants marchés d’exportation de produits agricoles et agroalimentaires du Canada. En raison de son petit territoire qui abrite une population de 125,7 millions de personnes, le pays est un importateur net de produits agricoles et agroalimentaires.
La valeur totale des exportations canadiennes se chiffrait à plus de 5,3 milliards de dollars en 2022. Les graines de canola représentaient un peu plus d’un quart des exportations totales du Canada, le blé 20 % et les fèves de soya 7 %. Les produits alimentaires constituent près de la moitié des exportations agricoles et agroalimentaires canadiennes, le porc étant l’aliment plus exporté (18 % des exportations totales) et le bœuf (congelé, frais ou réfrigéré) représentant 6,4 % des exportations totales selon les chiffres dévoilés par Financement agricole Canada.
Lamontagne en prospection au Japon
Au cours des cinq dernières années, la valeur des exportations de porc vers le Japon a diminué, mais celle des exportations de bœuf a augmenté considérablement : de 70 millions à 230 millions de dollars pour le bœuf congelé et de 64 millions à 113 millions de dollars pour le bœuf frais ou réfrigéré. Ce n’est sûrement pas pour rien que le ministre Lamontagne se rend ces jours-ci au Japon dans le cadre d’une mission de prospection.
Photo prise par La Vie agricole lors du G7 2018 à Charlevoix