Au vue de la récente crise de l’industrie porcine, la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ) demande au gouvernement provincial de saisir l’opportunité qui s’offre à lui pour opérer le changement de cap que doit prendre notre modèle agricole pour atteindre les ambitions économiques et environnementales des Québécois-ses. Pour amorcer ce changement, la CAPÉ propose que le programme d’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) soit remanié afin qu’il soutienne un plus grand éventail de productions agricoles.
À l’heure actuelle, l’ASRA, par l’entremise duquel la majorité des soutiens sont versés à l’industrie porcine, continue d’exclure un grand nombre de productions agricoles, dont les élevages à faible échelle et les productions maraîchères. Pourtant, ces dernières font face au même contexte de marché mondialisé que les fermes bénéficiaires du programme, sans pouvoir bénéficier de ces prestations étatiques couvrant la différence entre le prix mondialisé des denrées et les coûts de production réels au Québec.
« Il est dommage de constater qu’un programme initialement pensé pour maintenir des productions défavorisées économiquement par notre climat nordique et jugées nécessaires à notre souveraineté alimentaire soit aujourd’hui utilisé pour soutenir massivement une industrie d’exportation en déclin, pendant qu’on refuse d’offrir le même type d’appui aux fermes qui nourrissent nos communautés », a déclaré Léon Bibeau-Mercier, président de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique
L’ASRA, tout comme la gestion de l’offre, a pourtant l’immense qualité d’inclure dans ses principes la juste rémunération du travail des fermier-ères dans le calcul du coût de production, rappelle la CAPÉ. Par conséquent, la CAPÉ juge qu’il est possible de transformer l’ASRA pour en préserver ses qualités et en faire le meilleur outil de transformation du modèle agricole vers des pratiques plus en phase avec les exigences environnementales et sociales des Québécois-ses. C’est d’ailleurs ce que proposait la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois (rapport Pronovost) il y a déjà 15 ans.
« Le ministre Lamontagne a le pouvoir de voir la crise dans l’industrie porcine comme une opportunité pour opérer les changements nécessaires à notre modèle agricole. Au lieu d’encore brûler des millions de dollars pour essayer de maintenir artificiellement en vie une industrie insoutenable, le ministre peut choisir de remanier les sommes colossales déjà à la disposition du MAPAQ pour opérer une transition et répondre à l’ampleur des défis sociaux et environnementaux qui secouent notre agriculture et notre société », explique M. Bibeau-Mercier.« Ensemble, nous pouvons donner une place à une relève agricole et à une population qui ont soif d’une agriculture nourricière et porteuse de sens », conclut-il.