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Crise porcine, épisode 23…Et on se fie encore à l’argent du gouvernement

La crise dans l’industrie du porc au Québec est beaucoup plus une crise structurelle qu’une crise conjoncturelle liée au marché. Cette crise structurelle est alimentée par deux acteurs principaux, OLYMEL et les Éleveurs de Porcs du Québec (le syndicat qui représente l’ensemble des éleveurs de porcs). Avec deux années de suite déficitaires, OLYMEL doit se restructurer. Quant au plan conjoint et à la convention administrée par les Éleveurs de Porcs du Québec (EPQ) on peut dire qu’une truie n’y retrouverait pas ses petits, conséquence d’impasses répétées dans les négociations des conventions avec les acheteurs, notamment OLYMEL. Plusieurs producteurs remettent de plus en question la représentation au sein des EPQ lors des négociations.

Les marchés dans le porc ont toujours été fluctuants, un des enjeux et défi mentionné dans le portrait diagnostic sectoriel 2016-2020, déposé par le MAPAQ en 2022 mentionne  « Comme le Québec exporte la plus grande part de sa production porcine, les épisodes de fermeture de frontières et de perturbations sur les marchés extérieurs pour divers motifs commerciaux, politiques ou sanitaires sont des facteurs récurrents de risques à gérer ».

Manque de vision?

Si le MAPAQ arrive à ce constat, il est clair que des organisations comme OLYMEL et les EPQ, éminemment plus impliquées et compétentes auraient dû voir venir et adapter leur gestion en conséquence, ce qui ne semble pas être le cas. Ces deux acteurs se sont toujours rabattus sur le gouvernement. La recette est simple : on baisse le prix aux producteurs en deçà des prix nord-américains afin que les abattoirs puissent écouler la production à faible coût, et le gouvernement compense la différence aux producteurs, sans questions ni regard aux performances des abattoirs et de l’agence de vente.

Plus de 1,1 milliard de dollars au secteur porcin en moins de 10 ans!

Le coût pour le gouvernement en 2022, seulement pour son programme ASRA c’est 240 millions de dollars. De 2010 à 2019 c’est plus de 1,1 milliard que les gouvernements ont versé au secteur porcin, depuis 2011 le secteur n’a pas eu recours au soutien qu’à trois reprises.

Un modèle d’affaires basé sur l’aide gouvernementale…et pour les plus gros!

Le modèle d’affaire du secteur est basé sur l’aide gouvernementale, en utilisant le prétexte d’aider les producteurs. Autre donnée intéressante, les EPQ revendiquent 2595 éleveurs membres répartis sur 1530 fermes, pourtant l’on n’a que 499 adhérents au programme ASRA en 2022, il serait intéressant de connaître quel montant de l’ASRA reçoivent les 10 plus gros bénéficiaires.

La structure au centre de la gestion de l’industrie est le plan conjoint des producteurs de porcs du Québec et la convention de mise en marché des porcs ainsi que le règlement sur la production et la mise en marché des porcs qui en découlent. Cette structure est devenue avec le temps ingérable. Un exemple de confusion dans la gestion du plan conjoint : actuellement le plan conjoint reconnaît trois types de producteurs, les producteurs de porcs de proximité (produits par des producteurs indépendants), les producteurs ayant des porcs produits sous contrat et la production faite par les abattoirs. On devrait s’attendre à des règles régissant ces trois groupes dans le plan conjoint et dans les conventions, mais non.

Flou dans les statistiques des Éleveurs de porcs du Québec

Lors des négociations des conventions, on confie la négociation au comité des finisseurs, un organe datant d’une autre époque qui regroupe autant des producteurs indépendants que des producteurs liés aux abattoirs. D’ailleurs dans les statistiques des EPQ, il est impossible de savoir combien il y a de porcs et d’éleveurs membres pour chacune de ses 3 catégories. On préfère nous parler de type de porcs, tel le porc Qualité Québec, il y a d’ailleurs plus de 40 types de porcs, et il est impossible de savoir combien de porcs sont produits par catégorie. Avec l’absence de clarté dans la représentation et une multitude d’ententes particulières, la gestion de l’agence est certainement difficile et probablement inefficace.

Lacunes reconnues par le MAPAQ

D’ailleurs le MAPAQ dans son portrait diagnostic sectoriel 2016-2020 relevait dans les enjeux et défis « La pandémie de COVID-19 a mis en lumière des lacunes en matière de coordination et de communication entre les maillons de la filière. Ces lacunes ont nui au respect de certaines normes de bien-être animal et à un arrimage efficace entre la production et les capacités d’abattage. La concertation et la bonne collaboration des acteurs de la filière, aussi bien au Québec que dans le reste du Canada, sont déterminantes pour la résilience, la compétitivité et le développement durable du secteur porcin ».

On se fie encore à l’argent du gouvernement

La crise actuelle aurait pu permettre une réforme en profondeur de la gestion du secteur, les discussions autour d’un partage des profits des abattoirs étaient une lumière (en clair une participation des abattoirs aux programmes de soutien et de stabilité de la filière), mais l’on a accouché d’une autre patente qui viendra alourdir la ou les conventions entre acheteurs et les Éleveurs de Porcs du Québec. On ne peut que constater qu’OLYMEL et les EPQ utilisent encore les mêmes recettes, on se fie sur l’argent du gouvernement.

Un plan conjoint qui perd en crédibilité et pertinence

On alourdit la gestion du plan conjoint et l’on continue en espérant un miracle. Les financiers risquent de sanctionner sévèrement Olymel, quant au plan conjoint il perd de plus en plus de crédibilité et de pertinence. Tout cela risque de créer une tempête où tous seront perdants.

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