Dernièrement deux nouvelles m’ont interpellé dans ma réflexion sur la lutte aux changements climatiques. La première, qui n’est pas nécessairement une nouvelle, mais un document provenant de l’organisme Terre à Table (Foodbridge), daté du 3 avril dernier, qui place les cultures fourragères en Montérégie dans la catégorie non prioritaire dans un contexte de diversification et d’agriculture durable. L’autre nouvelle est la taxation des pets ou rots des vaches en Hollande, qui semble une grande panacée de la lutte aux changements climatiques. Dans les deux cas, l’on semble faire la guerre à l’élevage des ruminants afin de sauver la planète, une fausse solution qui contrairement à ce que beaucoup de monde pense, risque de nous priver d’une des grandes solutions pour lutter contre les Changements climatiques et améliorer l’agriculture durable.
Le document de Foodbridge / Terre à table, est assez surprenant étant donné que cet organisme soutenu par le MAPAQ dans le cadre de sa politique « agir pour une agriculture durable » se veut un milieu de COLLABORATIONS AUDACIEUSES POUR UNE ALIMENTATION ET UNE AGRICULTURE RÉGÉNÉRATRICES, dont le document semble favoriser les cultures annuelles, et relègue au statut de non prioritaire la seule culture pérenne d’importance. Pourtant en termes d’agriculture durable de rapprocher les productions animale et végétale sur un même territoire voir une même ferme, est une solution pour une agriculture durable surtout si cela favorise des rotations de cultures et encore plus si dans cette rotation l’on a une culture pérenne (qui est en place pour plusieurs années), la culture pérenne par excellence est la culture fourragère.
En termes de lutte aux changements climatiques, les cultures fourragères et les pâturages sont un important puits de carbone, elles sont d’ailleurs au centre de l’initiative française de lutte aux changements climatiques (présenté à la COP21), appellée initiative 4 pour 1000, qui regroupe sous l’impulsion de l’institut national de la recherche agricole (INRA) des actions concrètes sur le stockage du carbone dans les sols et les pratiques pour y parvenir. Je vous laisse découvrir cette initiative grâce cette courte animation : Animation – Séquestration du carbone : comprendre le 4 pour 1000 en 3 minutes | Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire .
Voir le lien : https://agriculture.gouv.fr/animation-sequestration-du-carbone-comprendre-le-4-pour-1000-en-3-minutes
Pour ce qui est de la taxation des pets ou rots de vaches, cela ressemble plus à une nouvelle taxe ou impôt qui utilise un faux problème comme excuse, et qui en fin de compte ne changera rien, si ce n’est que de contenter les militants véganes. Les principaux éléments des changements climatiques sont l’émission de gaz à effet de serre (principalement le CO2) à partir de l’extraction des sources fossiles (le pétrole) et la libération de CO2 stocké dans les sols et les plantes.
L’agriculture et plus précisément les pratiques agricoles peuvent soit déstocker du carbone (augmentation des gaz à effet de serre) ou stocker du carbone (diminution des gaz à effet de serre), les vaches ne sont qu’un élément, essentiel au stockage du carbone quand l’on adopte les bonnes pratiques, mais aussi nuisibles avec de mauvaises pratiques.
La clé (version simplifiée) est le taux de matières organiques dans les sols, un immense puits de carbone, la préservation et l’augmentation de cette matière organique nous permettra de nous améliorer. L’élevage, notamment celle de ruminants permet d’utiliser et de valoriser les cultures pérennes (fourragères) qui sont des outils essentiels au maintien et à l’enrichissement de la matière organique des sols.
Lorsque l’entité agricole dans son ensemble ne déstocke pas de carbone, les pets et les rots de vache ne sont que du recyclage de carbone déjà existant donc à impact nul sur les changements climatiques.
Une taxe sur les ruminants est totalement improductive, cela devrait être les mauvaises pratiques agricoles, comme les gros VUS qui devraient être taxés. Cependant, nos pratiques agricoles, particulièrement en élevage doivent être améliorées, actuellement elles déstockent du carbone, cela va prendre beaucoup d’efforts pour transformer notre problème en solution, malheureusement ce ne semble ni Foodbridge/Terre à Table ni la taxation sur les vaches qui nous aideront, au contraire ces solutions nous maintiennent dans de faux espoirs qui font bien l’affaire des partisans « on est bon, on ne change rien ».