Depuis quelques années la réduction de la production de porcs au Québec fait partie de l’agenda. Le programme de retrait temporaire de 80 millions de dollars pour réduire la production est probablement le symbole le plus connu de cet agenda. À l’aube de 2025, plusieurs se questionnent sur cette réduction : a-t-elle eu lieu ? Il est d’ailleurs un peu difficile de s’y retrouver dans l’analyse de cet exercice.
Le dernier portrait diagnostic sectoriel de l’industrie porcine, un diagnostic fait par le MAPAQ tous les 5 ans, qui couvre les années 2016 à 2020, montrait une production stable aux alentours de 7,000,000 de porcs au Québec, avec un maximum en 2016 à 7,219,000 porcs et une production en 2020 à 7,102,000 porcs.
En 2021 la production s’est élevée à 6,935,000 de porcs, en 2022 à 7,078,000 porcs, en 2023 à 6,829,000 porcs et probablement 2024 sera en bas de 2023. Rappelons qu’en 2009 la production de porcs au Québec s’élevait à 7,833,000 porcs.
Les transformateurs ont demandé une réduction en 2022
Avec la fermeture annoncée d’abattoirs, en 2022, les transformateurs de porcs ont demandé une réduction de 15 % qui a été ramenée à 9%. Cette réduction est de la responsabilité de l’agence de vente gérée par le syndicat des Éleveurs de porcs du Québec.
Un arrêt de l’expansion de la production a été mis en place par le programme de la gestion équilibrée de la production (GEP), le 19 novembre 2021. Ce programme ne permet pas à un producteur de produire plus que ce qu’il a produit entre le 19 novembre 2020 et le 18 novembre 2021, en résumé l’année de référence pour la réduction est la production de 2021.
Mécanisme de retrait temporaire
Parallèlement à cela, l’agence de vente a mis en place un programme de réduction de production, le mécanisme de retrait temporaire. Les éleveurs avaient jusqu’à la fin janvier 2024 pour appliquer un fond de 80,000,000 de dollars qui a été attribué pour ce programme. Jusqu’à présent 79 entreprises ont participé pour une réduction de 3% selon l’agence de vente, ce qui devrait représenter environ 200,000 porcs.
L’agence de vente prévoit une deuxième ronde pour ce programme afin de retrancher cette fois-ci un autre 4% (de l’année de référence) soit environ 277,000 porcs. N’oublions pas l’objectif de 9% soit 624,000 porcs de réduction.
Une tâche plus ardue que prévu!
Les résultats sont jusqu’à présent mitigés, la tâche semble plus ardue que prévu. L’agence négocie avec deux groupes, d’un côté les entreprises de grandes tailles (appelées dans le riche jargon porcin les EGV) et les autres appelés les PME.
N’oublions pas que dans les EGV il y a majoritairement des transformateurs qui sont à l’origine de la demande de réduction de 9%. Les entreprises de grandes tailles avaient jusqu’au 28 septembre 2024 pour réduire leur production de 9%. Un des problèmes c’est que les entreprises de grandes tailles ont une partie de leur production via des contrats ou des pseudo- contrats auprès de plus petits producteurs propriétaires de leurs bâtiments.
Lorsqu’un producteur perd son contrat auprès d’un intégrateur, le producteur propriétaire de la bâtisse se retrouve alors du côté des PME, l’intégrateur de son côté déclare une diminution de son volume, et le producteur lâché continue à revendiquer le volume de production puisqu’il avait des cochons dans sa bâtisse en 2021.
Un quota attaché à la propriété des porcs ou à la capacité des bâtiments?
La grande question devient dans cette gestion de réduction, le volume de référence (le quota de départ) est -il en fonction de la propriété des porcs (sans égard à la propriété des bâtiments) ou attaché à la capacité des bâtiments (sans égard à la propriété des animaux) ?
Dans un premier temps en 2022 l’agence de vente semblait pencher vers un volume de référence (un VDR dans le jargon porcin, un Quota en québécois) basé sur la propriété des animaux, maintenant elle semble pencher vers un quota basé sur la capacité des bâtiments.
Les PME ont d’ailleurs jusqu’en janvier 2025 pour envoyer une demande de révision de leur VDR (quota) basé sur la capacité de leur bâtiment.
Un grand chantier à venir
En Parallèle, les entreprises de grandes tailles ont demandé que l’année de référence soit 2022 plutôt que 2021, soit une légère augmentation.
On peut s’attendre pour 2024 à une production achetée par l’agence d’environ 6,500,000 porcs ce qui représente une diminution d’un peu plus de 6%, un pas dans la bonne direction de la diminution demandée.
Reste un petit bout à régler: Il reste à confirmer les fameux VDR (quota) qui seront dans le futur un élément central dans les niveaux de production, un gros chantier en 2025 pour le syndicat et les éleveurs.