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Manque de transparence à la RAJC : le secteur des courses de chevaux attend des actions du gouvernement

Avant Noël on apprenait le départ du président de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) Denis Dolbec. Si son départ serait lié à des raisons internes selon la version officielle, La Vie agricole a enquêté sur le secteur du cheval ces dernières semaines pour comprendre que les relations entre la régie et les acteurs du monde du cheval de course ne sont pas au beau fixe.

En mai 2023, Guillaume Cayer-Richard, alors président de l’ATAQ ( Association du trot et amble du Québec) écrivait à Denis Dolbec  pour exprimer sa préoccupation quant au retard significatif dans la mise en œuvre des changements réglementaires de l’industrie des courses : « L’absence de cet échéancier nous place, ainsi que nos membres, dans une position délicate, affectant notre capacité à planifier de manière efficace pour le futur. Cette situation impacte non seulement notre fonctionnement, mais menace également la viabilité de plusieurs de nos membres», écrivait-il alors.

En novembre 2023, Guillaume Cayer-Richard écrivait à Marco Bergeron, directeur des sports de combat, des courses et des jeux à la Régie : «  Lors de notre rencontre du 21 juillet dernier, nous vous avons fait part de plusieurs problématiques, telles que détaillées dans le compte-rendu de la rencontre que nous vous avons transmis. Ce qui avait été entendu lors de cette rencontre (proposée par M.Dolbec et acceptée par vous ) était que la RACJ allait confirmer d’ici la fin août/début septembre les étapes à réaliser pour adresser la situation et l’échéancier pour compléter le tout. Dans votre réponse nous ne voyons malheureusement aucune étape et aucun échéancier».

Très loin d’une régie moderne et proactive

Le courriel disait aussi : « Nous avons consulté les anciens directeurs de l’ATAQ et il semble que ça fait plusieurs années que vous êtes en réflexion. (…) Nous sommes malheureusement très loin de ce qui a été mentionné en début de rencontre par M.Dolbec : un régie de courses moderne et proactive».

Et Guillaume Cayer-Richard de rappeler que « Le Québec perd chaque année des personnes compétentes qui s’expatrient principalement en Ontario et aux États-Unis pour exercer leur métier».

Le président de l’ATAQ de l’époque ne manque pas de souligner sa « très grande déception au manque de transparence et à l’inactivité de la RAJC»

Même le ministre est informé

En septembre 2024 c’est la présidente du Jockey Club, l’avocate Sophie Mongeon qui écrivait directement au ministre Bonnardel : « Depuis 2017 que notre organisation demande quelques modifications législatives qui n’ont aucune importance financière pour la RACJ ou bien le gouvernement, mais qui ont des incidences sur le bon déroulement de nos opérations. Nous en avons fait part à la RACJ qui sont d’accord sur plusieurs points, mais il doit y avoir des modifications législatives, raisons que nous vous contactons».

Me Mongeon précise aussi que ces modifications « faciliteraient le travail des juges qui supervisent les courses».

Il semblerait que le sous-ministre ait fait un suivi disant qu’il s’informerait. À notre connaissance le dossier n’a pas bougé à ce jour.

C’est tout de même étonnant que pour des aménagements dans des dossiers relativement simples on en soit à interpeller le ministre disait le nouveau président de l’ATAQ l’automne dernier, Jean-François Reid.

Les courses de chevaux dénigrées malgré les promesses de Legault

Dans un échange courriel dans lequel Marco Bergeron, directeur des sports de combat, des courses et des jeux, apparaissait comme destinataire, Jean-François Reid écrivait : « L’association trouve inconcevable que nous soyons rendus à interpeller le ministre pour faire avancer ces dossiers. (…) Cette démarche démontre l’incapacité de la RACJ à remplir la mission qui lui a été confiée par le gouvernement et d’amener les dossiers à terme. M. Bergeron nous a répété à plusieurs reprises ne pas pouvoir s’occuper adéquatement de l’industrie des courses de chevaux compte tenu de sa charge de travail avec d’autres industries. Cette situation nuit grandement au bon fonctionnement des courses de chevaux au Québec».

C’est à se demander si le monde des courses de chevaux a non seulement été négligé depuis une décennie, mais même abandonné ce qui est loin des ambitions que semblait communiquer François Legault, aujourd’hui premier ministre, lorsqu’il n’était que député de Rousseau.

D’ailleurs le rapport 2024 de l’ATAQ est clair à la page constats sur les relations gouvernementales, à la mention Loto-Québec, on peut lire: « aucun progrès ou entente» et à la mention gouvernement du Québec on peut lire « refus de fournir une quelconque aide».

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