OPINION: Avec la CAPE, c’est le dernier rempart des petits agriculteurs paysans de proximité qui tombe!

(LVA) La Vie agricole publiait hier un texte intitulé « Les soldats tombent au front: La fin de la CAPÉ et où est l’Union paysanne?». Il est intéressant de lire aujourd’hui l’avis du cofondateur de L’Union paysanne, Roméo Bouchard sur la déchéance et la marginalisation des petits producteurs

Roméo Bouchard, cofondateur de l’Union paysanne

L’UPA peut dormir tranquille : elle occupe maintenant seule tout le terrain de l’agriculture. Après la digestion du Syndicat des producteurs biologique par l’UPA il y a quelques années, l’effacement de l’Union paysanne minée par la petite gauche woke, c’est maintenant la CAPE (Coopérative d’agriculture de proximité écologique) qui déclare faillite pour une dette de moins de 500 mille dollars, pendant que la Financière agricole en donne en moyenne 500 millions par année à une poignée d’intégrateurs de l’industrie porcine et céréalière. Ne subsiste que le Réseau des fermiers de famille. Et le ministre de l’Agriculture, qui se vante partout de soutenir l’agriculture de proximité, reste muet et immobile.

La CAPE invoque des décisions administratives trop risquées ces dernières années. Pourtant, on avait été chercher comme directeur général un vétéran de l’UPA, si ma mémoire est bonne. Je crois plutôt que la coopérative paysanne a été minée par ses rapports incestueux avec l’UPA chez plusieurs de ses membres et de ses dirigeants. L’UPA ne  tolère aucune concurrence et aucune contestation : elle règne, et un peu comme Trump, elle impose à tout le monde le contrôle de ses fédérations spécialisées et de leurs agences de vente bolchéviques. Derrière un discours vertueux, elle est et veut rester seul maître de la « big business » qu’est devenue l’agriculture de libre-échange. Elle bloque toute réforme sérieuse du financement et de la mise en marché agricoles, de la gestion de la zone agricole, des politiques d’exportation et de la représentation des agriculteurs, se contentant d’exiger toujours plus d’aide financière aux agriculteurs étouffés par les grands barons de l’agriculture industrielle d’exportation.

Cette perte ne va pas améliorer le sort des quelques milliers de petits producteurs paysans qui font l’admiration et le plaisir de nombreux Québécois un peu partout en région et en ville, mais qui tirent le diable par la queue. Les témoignages sont formels : ils étouffent et sont de plus en plus marginalisés. Leur contribution à l’alimentation des Québécois est de moins de 2%. Ils n’ont pas accès réel au financement agricole officiel, ils n’ont pas accès aux quotas dans les productions sous  gestion de l’offre, ils n’ont pas accès aux supermarchés, ils n’ont pas accès aux terres (ou ils n’ont pas le droit de s’y construire), ils n’ont pas accès à une représentation juste, et leurs pratiques écologiques ne sont pas rémunérées. Alors, après quelques années de « bénévolat » héroïque, beaucoup se voient obligés d’abandonner.

Quant à moi, aucun doute, l’UPA est le grand responsable … et le grand bénéficiaire de cette faillite.

 

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