Tarifs ou pas tarifs, lorsque vous lirez cette chronique peut-être serons-nous fixés, ou pas! Cette phrase résume bien la situation que l’on risque de connaître dans les prochaines années d’un point de vue économique. Le renfermement sur soi de l’économie américaine n’est pourtant pas une grande surprise, sa façon de le faire oui.
N’oublions pas qu’en octobre 2022 de nouvelles règles du Buy america act (BAA) entraient en vigueur, sous une administration démocrate. Ces règles imposaient des restrictions importantes sur les importations de biens sur les contrats publics américains, l’État montrait la voie à suivre, l’imposition de tarifs douaniers commerciaux n’est qu’une suite logique.
Le nationalisme commercial se porte bien
Même si beaucoup d’économistes nous répètent que le libre- échange et la mondialisation c’est bien, le nationalisme commercial se porte bien partout en Occident et a de plus en plus d’adeptes. On n’a jamais eu dans nos maisons autant de produits faits à l’étranger (made in China), mais de l’autre côté la marque made in Québec est de plus en plus populaire : le dernier phénomène n’est peut-être que la conséquence de l’autre!
Ce phénomène de désir de nationalisme économique est bien présent chez nous, mais aussi ailleurs dans tous les pays occidentaux, nos politiciens l’on bien compris, certain mieux que d’autres. Cependant entre ce désir de nationalisme et la réalité de notre économie il y a tout un monde, ou plutôt la mondialisation.
L’agriculture n’y échappe pas, les produits faits localement sont de plus en plus populaires et ils sont de plus en plus désirés, pas nécessairement achetés, car ils rentrent en compétition avec des produits importés.
Tous un peu insouciants
Les gens et les gouvernements sont aussi de plus en plus conscients de la notion de sécurité alimentaire. Les cinquante dernières années, l’agriculture mondiale nous a habitués à une abondance voir des surplus de produits alimentaires (du moins pour la plupart des pays) et la mondialisation des échanges nous les ont rendus accessibles, nous rendant tous un peu insouciants en termes de sécurité alimentaire.
Les tarifs douaniers, des outils
Cependant depuis plus d’une décennie les surplus ont diminué, dans certains cas disparus : l’augmentation de la demande, les aléas climatiques, la dégradation de nos sols agricoles et l’environnement en sont responsables. Cette situation a remis en avant-plan les grands principes de la sécurité alimentaire. Ce désir de consommer local et la réalité de la sécurité alimentaire amènent nos gouvernements à mettre en place des actions pour favoriser la production d’ici et les tarifs douaniers sont un des outils utilisés.
Aberrant d’abandonner la gestion de l’offre
C’est un changement économique important, qui aura des conséquences majeures, positives et négatives. Au Canada nous avons en place plusieurs outils pour faire face à ces changements, la gestion de l’offre en est un, le Canada a défendu ce système pendant plus de quarante ans pendant qu’il était l’exception de cette économie mondialiste, il serait aberrant de l’abandonner au moment où il deviendra la norme d’une économie plus nationaliste.
Les États-Unis sont au premier plan de ce grand virage économique, avec tout un spectacle en prime. Un virage qui aura des conséquences importantes sur notre économie, avec des niveaux de douleurs ou de conforts forts variables. Je suis cependant convaincu que le Québec et le Canada ont des atouts pour prendre ce virage. Notre pire ennemi reste nous-mêmes, réagissant en poule à la tête coupée courant affolée de tous les côtés (des fois avec raison), nos politiciens d’ici et d’ailleurs l’on bien compris et en profite, certains soufflent sur le feu, d’autres essaient de nous apaiser. Une chose est sûre, cela ne fait que commencer.