À la veille de la 3e ronde de négociations de l’ALENA qui s’ouvre samedi et ce, jusqu’au 27 septembre prochain, plusieurs groupes de la société civile réclament du fédéral une position ferme et déterminée à défendre les intérêts de la qualité de vie des agriculteurs et des consommateurs canadiens. Plusieurs groupes de la société civile ne veulent pas d’entente à rabais et Martine Ouellet demande au gouvernement fédéral de la fermeté !
Vendredi, les centrales syndicales FTQ et CSN unissent leur voix à des organisations civiles du Canada, des États-Unis et du Mexique pour se demander, lors d’un Sommet tenu à Ottawa, si « L’ALENA sert l’intérêt public ». Amir Khadir de Québec Solidaire et Martine Ouellet, cheffe du Bloc Québécois participent à la journée de débats.
« Nous sommes pour des accords internationaux qui profitent à l’ensemble de la société, non pas pour négocier des privilèges indus à des multinationales. Nous réclamons une protection intégrale de le gestion de l’offre (GO) et non pas, comme le dit le parti Libéral, de « préserver » la GO », a déclaré en entrevue Martine Ouellet.
Son porte-parole en agriculture, le député de Mirabel, Simon Marcil ajoute : « Déjà, avec le Partenariat TransPacifique (PTP), le Canada a cédé 4% du marché canadien (du lait, de la volaille et des œufs). C’est déjà trop. C’est plus qu’une question de marché. C’est une affaire de qualité des produits. Nos standards sont plus élevés, il faut pouvoir conserver cela. »
L’agriculture favorable aux Américains
En prévision de cette 3e ronde de négociations, Agropur, la Coop Fédérée, l’UPA, la Fédération des Chambres de commerce du Québec, Exceldor et les présidents des fédérations du lait, œufs et volailles signaient récemment dans les médias de masse une lettre ouverte vantant les avantages de la GO de l’offre, qu’ils jugent à l’avantage des États-Unis.
Sans mentionner les autres concessions consenties avec le PTP, ils argumentent qu’« entre 1993 et 2016, la valeur des produits laitiers américains vendus au Canada est passée de 50 millions $ à 557 millions $. L'an passé seulement, les trois quarts des importations canadiennes de produits laitiers provenaient des États-Unis. Notre déficit commercial pour ce secteur a atteint 445 millions $. En 2015, 16 % de notre consommation totale de viande de poulet provenait de l'étranger – le niveau d'accès prévu dans nos accords n'est pourtant que de 7,5 % – et la quasi-totalité de ces importations (14 % de la consommation canadienne) est venue des États-Unis. Le scénario se répète et s'accentue dans le secteur des oeufs. Les importations d'oeufs d'incubation américains représentent aujourd'hui près du quart (21,1 %) de la production canadienne. Sans compter qu'à peu près 30 % des exportations américaines d'oeufs de consommation prennent systématiquement la route du Canada. »
Une rencontre avec les conseillers
Parallèlement, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland rencontre vendredi à Toronto les membres du conseil de l’ALENA, afin de participer à une séance de photos en leur compagnie, histoire de démontrer l’appui qu’elle et son gouvernement obtiennent de ces experts. Marcel Groleau, seul représentant du milieu agroalimentaire y sera, a confirmé l’UPA.
Enfin, Martine Ouellet déplore la faiblesse de l’équipe de négociations qui, selon elle, tend à abaisser les gains pour les producteurs agricoles québécois.
« Justin Trudeau a abandonné deux fois plutôt qu'une les producteurs de lait québécois. D'abord, le gouvernement canadien a négocié un accord de libre-échange avec l'Europe dans lequel il ouvre grand la porte de notre marché des fromages fins aux étrangers. Ensuite, il se moque des producteurs avec un programme de compensation insuffisant et inadapté. Les Québécois envoient 50 milliards $ par année à Ottawa et le résultat, c'est un programme improvisé, des sommes d'argent épuisées en une semaine et des producteurs laissés pour compte. Ce n’est pas sérieux », déplore-t-elle.