Plusieurs producteurs laitiers du Québec commencent leur année 2018 avec l’angoisse au cœur quant à leur avenir. Ils sont nombreux à vouloir comprendre les tactiques et stratégies politiques de leur fédération provinciale et des Producteurs de lait du Canada quant à la stabilité du prix du lait et de la gestion de l’offre.
Forts actifs sur leurs groupes de discussion Facebook, plusieurs producteurs laitiers s’inquiètent du peu de transparence des dirigeants des PLQ. Un résumé du sondage intranet mené en août 2017, fourni lors des premières assemblées régionales, n’a rien pour les rassurer.
En effet, quelque 580 producteurs laitiers sur un total de 5390 ont répondu à un sondage portant sur la vision et les attentes de producteurs pour les années à venir et devant normalement inspirer les dirigeants des PLQ dans la construction de la nouvelle stratégie provinciale.
Un résumé du sondage, qui circule lors des assemblées régionales du lait, rappelle « l’inquiétude des producteurs quant au prix du lait ». Plusieurs établissent le plancher à 65$/hl pour maintenir un niveau viable pour leur entreprise. On y lit aussi qu’une « minorité plus entrepreneuriale se sent contrainte dans son développement par la réglementation de quota actuelle ». Également, que « les petites fermes sont en général plus insatisfaites, moins optimistes et plus en difficultés. »
Répondant à certains échanges sur le groupe Les Amis de la gestion de l’offre et des régions, le président des PLQ, Bruno Letendre, affirme qu’« il n'y a personne au conseil des PLQ qui souhaite la disparition des petites fermes (…) »
Grossir ou mourir ?
Si certains voient l’avenir dans des fermes de 250 vaches pour atteindre une économie d’échelle significative dans le coût de production, d’autres se scandalisent que le message de la nécessité de grossir les fermes contamine même les institutions financières.
Des producteurs croient que ce résumé du sondage cherche à introduire lentement mais sûrement l’idée de faciliter des fusions ou les locations de fermes, voire même la nationalisation des quotas. Certains vont même jusqu’à proposer un prix du lait à deux vitesses, ce qui a eu l’effet de relancer les débats de plus belle.
À ces centaines d’échanges, Bruno Letendre a également déclaré : « On ne peut répondre à toutes les suppositions, moi la nationalisation j'en ai jamais entendu parler, donc je ne peux répondre. Au sujet du sondage, les questions étaient ouvertes et c'est une firme qui l'a montée, vous pouvez penser que c'est dirigé, mais ce n'est pas le cas. Une productrice m'a dit que pour elle, elle aurait aimé des réponses oui ou non, je lui ai dit qu'on voulait savoir ce qu'elle pense. P.S. Moi je n'ai pas répondu à ce sondage. »
Pas de commentaires des PLQ
Il a toutefois été impossible d’avoir des réponses à ce questionnement à multiples facettes. Un courriel et des appels laissés aux PLQ et à certains dirigeants sont laissés sans réponse.
Même hésitation à se mouiller de la part de Daniel-Mercier Gouin, professeur à l’Université Laval et chercheur en matière de production laitière, qui a refusé de commenter plusieurs questions posées par les producteurs laitiers.
Il s’est contenté de mentionner que « c’est sûr qu’il existe une réelle préoccupation avec l’introduction des classes spéciales qui avaient amené le prix moyen à diminuer. Mais il n’y a pas de discrimination entre les petits et les grands producteurs. Je ne vois pas de volonté d’élaguer ou de faire disparaître les petits ».