Le CEROM: l’érosion du leadership du MAPAQ au cœur du problème

Déjà constatée en 2008 par la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois (CAAAQ), l’érosion graduelle du leadership du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) est au cœur de la crise de confiance qui secoue présentement le monde de la recherche sur les pesticides et herbicides utilisés en agriculture estime l’Institut Jean-Garon.

Selon M. Guy Debailleul, professeur associé à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval et collaborateur de l’Institut Jean-Garon, « le cas du Centre de recherche sur les grains (CÉROM) est emblématique de cette érosion ». 

Au fil des ans, le MAPAQ, qui finance pourtant le Centre à hauteur de 40 %, est passé graduellement de la parité à la minorité au sein du conseil d’administration, au point de n’avoir plus aujourd’hui qu’un observateur sur les onze membres du CA.

De même, la mission du Centre exposée dans ses rapports annuels successifs est passée de la « réalisation de recherches d’intérêt public en agriculture », au « développement d’un secteur des grains performants », un glissement qui illustre on ne peut mieux le passage d’un organisme d’intérêt public à un organisme qui défend des intérêts privés.

Selon M. Debailleul, il est également troublant de constater que, malgré le très haut niveau de financement public, plus de 90 % en tenant compte de la contribution du gouvernement fédéral, les rapports annuels du CÉROM ne comportent aucune reddition de compte financière. Ce manque de transparence est également illustré par le fait qu’il a fallu une fuite dans les médias pour que les problèmes d’orientation et de gestion du CÉROM soient étalés au grand jour.

Un devoir de vigilance

Pour sa part, le président fondateur de l’Institut Jean-Garon et qui fut aussi président de la CAAAQ, M. Jean Pronovost, estime que le renforcement du leadership du MAPAQ doit être au cœur de la future politique bioalimentaire du Québec qui doit être dévoilée prochainement.

 « Ce leadership doit être éclairé et rassembleur : avoir du leadership ne veut pas dire tout faire. Les partenariats avec d’autres acteurs, universitaires, privés ou coopératifs, sont essentiels, surtout dans le domaine de la recherche », affirme M. Pronovost. « Toutefois, l’État doit toujours exercer son devoir de vigilance, à travers une reddition de comptes rigoureuse, demeurer responsable des grandes orientations, assurer la coordination d’ensemble et, ultimement, être le garant de l’intérêt public ». Il rappelle également que le rapport de la CAAAQ contenait des recommandations sur les pesticides et les organismes génétiquement modifiés (OGM) qui sont restées sans suite.

Malheureusement, le cas du CÉROM démontre que le désengagement de l’État s’est trop souvent accompagné de l’abandon de ses responsabilités.

L’Institut Jean-Garon a souligné récemment le 10e anniversaire du rapport de la CAAAQ (Rapport Pronovost) en publiant un document intitulé « La nouvelle politique bioalimentaire sera-t-elle à la hauteur ? ». Il contient une analyse inédite du suivi apporté aux recommandations du rapport ainsi que des orientations qui, selon l’Institut, devraient guider la nouvelle politique. L’affirmation du leadership gouvernemental est au centre de ces orientations.

 

Cette analyse, de même que des documents complémentaires, peuvent être consultée à institutjeangaron.com

 

 

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