Face à une décharge intempestive de menaces de la part de Trump au cours du long week-end, il est bon de se rappeler que le Canada n’est pas en si mauvaise posture. C’est le temps de rester cool.
Quand on menace de déchirer une entente avec le pays qui est le plus important acheteur de ses produits, on ne sert pas toujours ses propres intérêts. Plusieurs travailleurs américains pourraient perdre leur emploi. Un tel scénario serait très négatif pour Trump. Les Ricains le lui rappellent tous les jours.
En général, celui qui menace en dit long sur ses propres anxiétés, révèle une certaine faiblesse de ses positions et une limite dans ses options. A l’opposé, celui qui détient une bonne main cache son jeu et négocie avec calme pour mieux contrôler la situation jusqu’à la fin.
Selon les sondages, les élections pour les membres du Congrès américain, le 8 novembre 2018, pourraient faire perdre la majorité aux républicains. A l’exception d’une baisse d’impôt contestée, Trump n’a rien de tangible comme réalisation permettant de se vanter avant les élections (pas de mur, pas de régime santé, pas d’entente renégociée, etc.). Ainsi, Trump a besoin d’une victoire rapidement et l’ALENA est la seule chose réalisable à court terme. Déchirer l’entente n’est pas une réalisation.
Même s’il y avait de bonnes raisons logiques internes de négocier avec le Mexique en premier, il faut se demander pourquoi les États-Unis se sont mis à table plus rapidement avec le Mexique. Les agriculteurs des États-Unis exportent beaucoup au Mexique. Après la fermeture du marché de Chine, il devenait urgent de maintenir ce marché. Le fait de négocier avec l’administration sortante de M. Pena Nieto plutôt que l’équipe nouvellement élue sous Andres Manuel Lopez Obrador, tacitement antiaméricaine, a joué dans la balance. Il est clair que M. Pena Nieto a négocié avec le feu vert de son successeur, mais les États-Unis ne se sont pas placés dans la meilleure position de force. D’autres parts, on préférait séparer les Canada du Mexique et briser leur solidarité. Finalement, les États-Unis ont jugé que ce serait plus facile pour eux de négocier avec le Mexique en premier sur la base que l’ALENA est plus important pour eux.
Le Canada et le Mexique savent que les États-Unis ont une grande faiblesse dans leur position, à savoir l’ego de Trump qui peut à n’importe quel moment nuire à la position américaine, s’il y voit un gain personnel. C’est une menace pour eux et un outil en puissance pour les deux autres.
Qu’en est-il de la gestion de l’offre? Malheureusement, elle est au centre de son ego. Elle devient donc trop visible. Toutefois, nos négociateurs ont sûrement les connaissances nécessaires pour s’attaquer à leurs produits sensibles à chaque fois que la gestion de l’offre refait surface dans les négociations. Néanmoins, de façon réaliste, le lait pourrait y goûter et en particulier la classe 7, alors que les autres produits sous gestion de l’offre seraient probablement sans danger.
Pour l’instant, restons cool.