Au lendemain du 1er octobre, le prochain ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a bien du pain sur la planche. D’autant plus de travail que les ministres des dernières années ont, à mon avis, joué un rôle bien effacé face aux nombreux défis qu’ils devaient relever. Ces défis sont tellement nombreux que j’hésite à les énumérer de peur d’en oublier.
Je crois que le prochain ministre devra se pencher sur un nombre important de dossiers comme la défense de la protection du territoire agricole et la vocation de son institution – la CPTAQ -, l’agriculture de proximité et urbaine, le libéralisme dans certains secteurs de production, la liberté d’association et surtout une vision de développement. Parmi tous les sujets et dossiers pour le prochain ministre, il y en a un qui me tient à cœur et sur lequel repose notre système démocratique : la liberté d’expression et de parole.
L’union fait la force tel était le motif qui a donné vie à l’UPA dans les années ‘70. À cette époque tout le monde était convaincu de son bien-fondé et de son utilité dans des situations cruciales comme la défense des cultivateurs québécois. Face à l’adversité, parler d’une seule voix, haut et fort, est la seule stratégie à adopter. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis les années ’70 et on ne dénote que peu de changement dans l’attitude et l’ouverture.
Comme tant d’autres, je croyais que notre union agricole puisse être un vecteur important de modernisme et de changement. En effet, j’ai toujours pensé que les unions comme l’UPA avaient un rôle social à assumer et puissent agir comme agent de changement, un rôle allant bien au-delà de l’unique défense de leurs membres. Mon raisonnement s’est toujours appuyé sur l’historique du mouvement syndical en milieu agricole au Québec.
On n’a qu’à penser à tout ce qu’a accompli la défunte Union catholique des cultivateurs (UCC) dont est issue l’UPA. Grâce à son travail et à ses représentations, grâce à la vision de ses dirigeants, les cultivateurs de l’époque ont obtenu l’électrification de leurs bâtiments, le Crédit Agricole et la mise en place des plans conjoints. Un travail acharné de la part de ses dirigeants qui a bénéficié à ses membres, mais également à toute la population de nos villages et au développement de nos territoires. Voilà un bel exemple d’une union qui agit comme agent de changement. À l’époque, l’UCC et ses dirigeants ont fait preuve de détermination dans leurs revendications pour défendre leurs membres; de plus, ils ont su par leur créativité et leur ouverture transformer le monde agricole des années ‘50.
Nos milieux ont besoin d’une UPA qui suscite, ou du moins, permet l’éclosion de nouveaux modèles de production et qui appuie, de tout son poids, les personnes ou les groupes qui les mettent de l’avant.
La défense de notre agriculture, la représentativité de nos agricultrices et agriculteurs, le développement de nos territoires et espaces ruraux ont besoin de passer à une vitesse supérieure. Passer à une vitesse supérieure pour intégrer aussi la technologie dans nos modes de production ou pour contrer les effets négatifs des nombreuses ententes commerciales avec l’Europe, l’Asie ou les États-Unis.
Toutefois, on n’a pas besoin d’une UPA qui bâillonne, qui intimide les personnes qui ne sont pas d’accord avec elle comme cela semble le cas dans le milieu acéricole, qui empêche le changement et l’évolution de notre milieu rural. Comme Luther King, j’ai un grand rêve : celui d’un Québec rural respectueux de la protection de l’environnement, dimensionné à l’échelle humaine et faisant preuve d’ouverture, de créativité et d’innovation.
Pour cela, il nous faut une UPA qui revienne aux sources de son origine. Une UPA soucieuse de la diversité d’opinion et de la liberté de l’exprimer.
À nouveau, je persiste et signe : l’agriculture au pluriel a bien meilleur goût!