Le refus du gouvernement à une demande d’aide pour créer et soutenir un centre de recherche et de développement de la race bovine canadienne rend critique la survie de cette race de vache unique qui a été développée sur plus de 300 ans au Canada. Ce refus reflète bien le peu d’intérêt que les ministères de l’Agriculture canadien et québécois portent au patrimoine génétique agricole.
Il est assez surprenant de constater qu’il n’y a pas de centre de recherche exclusivement voué à la conservation et à la protection de ce patrimoine, aussi bien pour les espèces animales que végétales. Pourtant c’est un devoir des gouvernements que de protéger cela.
Les races développées sur notre territoire sont peu nombreuses, cela s’explique essentiellement par le fait que l’élevage est relativement jeune chez nous, moins de 400 ans. En comparaison à plusieurs milliers d’années en Europe et en Asie. Aux niveaux, horticoles et grandes cultures, le peu d’intérêt mis dans la sauvegarde du patrimoine agricole amérindien a fait disparaître possiblement des centaines de variétés. De plus l’agriculture des habitants de souche européenne a eu peu de temps pour développer de nouvelles variétés.
Cependant il existe un certain nombre de races et de variétés de plantes qui ont été développées chez nous: le cheval canadien, la vache canadienne, la poule Chantecler, le melon d’oka, le melon et la gourgane du lac Saint-Jean pour en nommer quelques-unes. Plusieurs variétés de plantes proviennent de la culture amérindienne : on n’a qu’à penser au maïs, aux courges et haricots qui composaient l’alimentation des Amérindiens à l’arrivée de Jacques Cartier au Canada, ou sont passées toutes ces variétés?
La conservation et la protection du patrimoine génétique agricole ont plus d’une utilité, ils permettent de conserver des gènes qui aujourd’hui ne sont pas utiles, mais qui peuvent l’être demain.
Cette banque de gène peut être très utile pour lutter contre une épidémie via un gène résistant contenu dans ce patrimoine. De plus le changement des goûts du consommateur peut rendre plus attrayantes certaines de ces vieilles variétés. De nouvelles méthodes de productions (comme la production bio) peuvent aussi ramener de l’avant certaines variétés ou races oubliées.
La conservation du patrimoine génétique agricole nécessite une vision à long terme de l’agriculture. Une vision qui met en place des outils pour répondre à une demande inconnue dans le futur. C’est un rôle que tout gouvernement, qui veut protéger et développer son agriculture doit assumer. La création d’un centre de protection du patrimoine agricole devrait être créée, sûrement en partenariat avec le monde agricole et scientifique. C’est au gouvernement d’en être le maître d’œuvre et démontrer pour une fois qu’il peut avoir de la vision à long terme pour l’agriculture.